_ La vie de plus de 120 millions d’individus dans le monde, principalement dans les pays en développement, dépend de la culture du café. Partout où celle-ci est pratiquée, elle suscite espoir ou incertitude selon les variations (à la hausse comme à la baisse) des prix payés aux producteurs. Depuis la fin de la crise qui a particulièrement affecté la filière en 2000/ 2004 et dont la cause est attribuée à une distorsion entre l’offre et la demande, le marché semble se stabiliser autour de certains fondamentaux. Dans les pays développés qui sont également les principaux consommateurs, la filière café est une activité assez « mal connue » car elle ne fait jamais parler d’elle. Malgré les aléas climatiques, et les mouvements spéculatifs sur les places boursières, l’équilibre actuel du marché demeure.
Dans les années 1990 et au début des années 2000, la part de la valeur ajoutée revenant aux producteurs a nettement diminué. Durant cette période, le total des ventes aux consommateurs a crû de 30 milliards de dollars à environ 70 milliards de dollars. De son côté, la part des recettes des pays producteurs est passée de plus de 10 milliards de dollars à 5,5 milliards de dollars en 2002. D’une moyenne annuelle avoisinant les 120 cents de dollars la livre de café dans les années 1980, les prix ont chuté jusqu’à 50 cents la livre en 2002. C’est ainsi que, dans un certain nombre de pays exportateurs de café, les conditions de vie des producteurs se sont détériorées au point de ne plus pouvoir subvenir à certains besoins de première nécessité.
En janvier 2008, les prix nominaux du café ont retrouvé le niveau qu’ils avaient dans les années 1980 (122 cents la livre – lb). Il faut cependant noter que le redressement du marché a été amorcé à compter de 2005 (avec une moyenne annuelle de 89,36 cents la livre, 95,75 cents en 2006 et 107,68 cents en 2007). Ces statistiques ne tiennent pas compte de l’inflation ni de la détérioration du dollar par rapport à l’euro ces derniers mois. À court terme, il est probable que les prix du café continueront de progresser étant donné l’évolution du rapport production/ consommation. Pour une production mondiale de 113 millions de sacs en 2001/2002 et environ 118 millions de sacs en 2007/2008, la consommation s’est élevée de 106 millions de sacs en 2001/2002 et à plus de 120 millions de sacs en 2007/08.
Toutefois, plusieurs facteurs risquent d’empêcher la plupart des millions de familles qui vivent de la culture du café d’améliorer leurs revenus de manière durable. Parmi ceux-ci, on peut mentionner la hausse des coûts des engrais, la détérioration des sols et les difficultés d’accès aux ressources financières. À défaut de doter le marché d’instruments de régulation, le nouvel accord international sur le café (septembre 2007) semble se diriger dans la « bonne voie ». Selon l’Organisation internationale du café (OIC), il permettra de renforcer la coopération internationale en matière de café par la création d’un Comité de promotion et de développement, d’un Comité chargé de l’élaboration et du financement des projets et d’un Forum consultatif sur le financement dans le secteur du café. L’accent mis sur le commerce équitable et le renforcement de la qualité des grains pourrait être le signe d’une meilleure prise en compte des besoins et des contraintes des petits producteurs, à côté de ceux des grandes corporations de l’industrie du café et des consommateurs toujours plus nombreux.
Si le contexte largement déficitaire cette année incite à parier sur la solidité des cours, il est plus difficile d’établir des prévisions à plus long terme, le marché dépendant certes des conditions climatiques et de sécurité en Côte d’Ivoire, mais aussi largement d’autres éléments difficiles à quantifier — comme la spéculation — qui faussent le jeu des fondamentaux.