En dépit de la volatilité des cours entre janvier et août, la filière pouvait, mutatis mutandis, entretenir certaines illusions quant à une évolution favorable des choses. Et patatras ! Entre le mois d’août avec une moyenne mensuelle de l’indice A de Cotlook à 79,07 cents la livre et le mois de décembre avec une moyenne mensuelle de 61,20 cents la livre, les cours ont subi une chute vertigineuse de près de 23%. Les perspectives pour 2009 n’incitent guère à l’optimisme des millions de gens dont le sort dépend de la culture de cette fibre. Pour les producteurs africains, la crise économique est venue s’ajouter au problème des subventions qui faisait l’objet de débats, depuis fort longtemps, dans les instances de l’OMC.
Selon le Comité consultatif international du coton (CCIC), la production mondiale devrait avoisiner les 24,6 millions de tonnes pour la campagne 2008/2009. Elle a été de 26,2 millions de tonnes lors de la campagne 2007/2008. Celle-ci enregistre donc un recul de plus de 6% en un an. Si la quantité de fibre produite a plus que doublé en un quart de siècle, elle a, en revanche, amorcé une baisse depuis 2005. Les principaux producteurs sont la Chine avec 25%, l’Inde (20%) et les Etats-Unis (12%). Ces trois pays sont suivis par un deuxième peloton constitué du Pakistan avec 8%, le Brésil et l’Ouzbékistan avec 5% chacun. Tous ensembles, ils assurent donc 85% de la quantité de coton produite dans le monde. Avec seulement 3%, il n’en demeure pas moins que l’Afrique subsaharienne, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Bénin, dépend largement de la culture de cette matière si l’on considère la part des populations concernées et des recettes d’exportation.
La consommation mondiale de coton devrait atteindre 24,9 millions de tonnes pour la campagne 2008/2009 contre 26,3 millions de tonnes pour la campagne précédente. Celle-ci a baissé dans les mêmes proportions que la production. Il faut, en revanche, rappeler que la consommation mondiale a augmenté de manière fulgurante dans la dernière décennie (1998-2008). Celle-ci est passée de 18,8 millions de tonnes en 1998/1999 à 26,5 millions de tonnes en 2006/2007, soit 5% de plus en moyenne tous les ans. La progression de la consommation mondiale de coton a été la conséquence d’un cycle favorable de l’économie mondiale, durant cette période, et d’un développement de la demande de l’industrie textile chinoise depuis son adhésion à l’OMC en 2001. La consommation du coton par les industries dans les pays émergents : Chine, Inde, Turquie, Pakistan et, dans une certaine mesure, le Brésil absorbe près de 80% des quantités disponibles.
L’économie mondiale est entrée dans une phase défavorable. Cette nouvelle donne aura, sûrement, un impact négatif sur les fondamentaux du marché du coton. Sauf retournement de situation, le ralentissement économique qui s’annonce, y compris dans les pays émergents, pourrait conduire la filière à s’interroger sérieusement sur son avenir immédiat et à moyen terme. Une variation à la hausse des stocks pourrait conduire à l’effritement des prix et provoquer un effet « désastreux » sur les économies vulnérables d’un certain nombre de pays. Lors du CCIC qui s’est réuni à Ouagadougou (Burkina Faso) en novembre 2008, le Secrétariat de cette instance a annoncé des lendemains difficiles pour la filière compte tenu des « nuages » qui s’amoncellent en ce début de campagne 2008/2009. Après toutes les mauvaises nouvelles, il est bon de noter le sursaut qu’a connu, récemment, le marché à terme de New-York. Cela concernait, il est vrai, un nombre limité de transactions.
Hadj Lakhal fait partie de l’équipe des documentalistes en charge de Produitdoc, le Bulletin des matières premières de l’Agence française de développement (AFD).