Pour qui garde en mémoire l’Histoire des Indépendances africaines, le Ghana demeure la référence d’un pays qui devient en 1957, après les boycotts et la désobéissance civile conduits par Kwame Nkrumah, le troisième pays indépendant en Afrique Subsaharienne après le Libéria (1847) et le Soudan (1956). Pionnier du panafricanisme et fer de lance de la Tricontinentale, première revendication d’un multilatéralisme plus équilibré, le Ghana présente un profil spécifique en Afrique de l’Ouest.
Anglophone mais associé à l’Organisation internationale de la francophonie depuis 2006, les particularités du Ghana par rapport à ses voisins sont nombreuses. Le pays est souvent cité en modèle pour son pluralisme politique, ses acquis démocratiques et sa stabilité dans un contexte sécuritaire régional toujours plus complexe. Son économie semble davantage libérale et orientée vers le secteur privé et l’agri-business. Vis-à-vis de l’aide internationale au développement, les autorités prônent un Ghana beyond Aid et le recours aux prêts et investissements internationaux. Mais sa dépendance alimentaire est profonde et soumet le pays à la volatilité des cours mondiaux agricoles. L’insécurité alimentaire demeure un enjeu avec une prévalence de la sous-alimentation de 5,5 %.
Ces contrastes avec les pays francophones voisins du Ghana que les membres de l’Inter-réseaux connaissent mieux, justifient en soi d’y consacrer un numéro de Grain de sel, dix ans après une édition consacrée au Nigéria1. Ce numéro prolonge un travail en réseau sur le développement rural, l’agriculture et l’alimentation au Ghana qui a permis d’éditer un Bulletin de veille spécial Ghana le 21 novembre 2019 et disponible sur le site d’Inter-réseaux (2). Plusieurs contributions s’essayent aux comparaisons avec les pays voisins, à commencer par la Côte d’Ivoire dont les caractéristiques géographiques notamment sont similaires. Or, depuis l’indépendance, leurs trajectoires de développement politique et économique sont inversées.
En toile de fond, l’objectif est de s’intéresser aux proximités d’un pays voisin, mais aussi aux différences dans les trajectoires de développement agricole d’un modèle qui semble parfois à l’opposé des orientations des pays francophones d’Afrique de l’Ouest. C’est un numéro bilingue, avec deux versions disponibles, une en français et une en anglais.
Pour Inter-réseaux, ce numéro est également l’occasion d’ouvrir l’année 2020 avec la nouvelle maquette de Grain de Sel, et vos retours à ce propos intéressent tout particulièrement le Comité des publications du réseau.
François Doligez, président
Ninon Avezou, responsable Grain de sel