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Ceci est un article de la publication "40 : Migrations interafricaines, une richesse pour le continent", publiée le 21 janvier 2008.

Migrations et autonomie alimentaire des ménages ruraux dans le bassin arachidier du Sénégal

Michel Benoit-Cattin/Suwadu Sakho Jimbira

MigrationsSénégal

Compléments à l’encadré publié en page 19 (dossier migrations)

Kanene est un village du nord du bassin arachidier, (département de Kebemer) comme des dizaines d’autres, par une piste sableuse à une quinzaine de km de sa sous-préfecture, elle-même à quelques dizaines de km de l’axe Dakar-Thiès Saint-Louis par une route goudronnée. Dans ce village on a recensé 50 unités familiales de production consommation (Ndiel) de 6 à 50 personnes (moyenne 18 ). Comme dans l’ensemble du bassin arachidier, la norme sociale est que le chef de ce groupe de production-consommation (borom ndiel) a la responsabilité d’assurer l’approvisionnement en céréales de base, traditionnellement à partir d’un grand champ sur lequel tout le monde travaille. Si cette autofourniture est insuffisante il appartient au Borom ndiel de compléter par des achats qu’il finance à partir de ses revenus tirés de l’arachide ou d’autres activités. Ce que nos récentes enquêtes montrent c’est qu’en réalité l’autofourniture ne repésente que 6% des céréales consommées, 89% étant achetées et 5% reçus en dons. Les transferts reçus des migrants jouent un rôle clé : dans toutes les unités familiales sauf 8, au moins un migrant contribue aux achats alimentaires du groupe en envoyant régulièrement de l’argent au Borom Ndiel. En 2005, 118 migrants ont envoyé 21,7 millions de CFA soit en moyenne 516 500 CFA par famille. Sur ce total, 12,5 millions ont été utilisés pour les dépenses alimentaires de la famille. qu’ils financent à 65%. Le reste des dépenses familiales pour l’alimentation est couvert par le Borom ndiel pour 31% aidé par d’autres membres du groupe (4%). 8 familles sont entièrement dépendantes des migrants pour l’achat des céréales. Les migrants sont tous des hommes, ils sont soit dans les grandes villes du pays, soit à l’étranger, il peut y en avoir jusqu’à 9 par famille (ndiel). Quand ils sont partis en migration, les hommes toujours en migration lors de l’enquête étaient célibataires à 88%, au jour de l’enquête, ils ne le sont plus qu’à 45%.

Ouanar est un village du sud du bassin arachidier (département de Kaffrine), plus isolé, à 60 km de Kaolack, capitale régionale, proche de la frontière de Gambie, accessible par une mauvaise piste depuis la route de Tambacounda. Il rassemble 39 groupes de production-consommation (Ndiel) de 5 à 36 personnes (moyenne 17). Dans cette zone considérée comme relativement favorable, l’autofourniture en céréales ne couvre que 46% de la consommation, plus de la moitié est donc achetée. Comme au nord, mais dans une moindre mesure, les transferts des migrants jouent un rôle clé dans l’alimentation des villageois dont ils financent 49% des achats de céréales.. Dans plus de la moitié des unités familiales (22 sur 39) , au moins un migrant contribue aux achats alimentaires du groupe en envoyant régulièrement de l’argent au Borom Ndiel. En 2005, 47 migrants ont envoyé 4,6 millions de CFA soit en moyenne 210 000 CFA par famille. Sur ce total, 3,2 millions ont été utilisés pour les dépenses alimentaires de la famille. qu’ils financent à 49%. Le reste des dépenses familiales pour l’alimentation est couvert par le Borom ndiel pour 49% aidé par d’autres membres du groupe (2%). 4 familles sont entièrement dépendantes des migrants pour l’achat des céréales. Il peut y avoir jusqu’à 6 migrants par famille (ndiel). Quand ils sont partis en migration, les hommes toujours en migration lors de l’enquête étaient célibataires à 94%, au jour de l’enquête, ils ne le sont plus qu’à 64%.

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