SAWAP est l’acronyme anglais pour « Sahel And West Africa Program ». Le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et la Banque Mondiale se sont associés pour développer le Programme pour le Sahel et l’Afrique de l’Ouest en Appui à l’Initiative de la Grande Muraille Verte. Le SAWAP a été une réponse à l’appel des Chefs d’Etat africains lancés au cours du sommet de Ndjamena en juin 2010 [[http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/06/17/l-afrique-s-engage-pour-la-grande-muraille-verte_1374747_3244.html]] pour s’attaquer aux problèmes de désertification et de dégradation des terres en Afrique du Sénégal à l’Ouest jusqu’à Djibouti à l’Est. Une conférence ministérielle a été organisée en février 2011 au siège de la Convention des Nations Unies pour combattre la Désertification qui a validé les contours du programme avec une déclaration des pays participants, des partenaires au développement et le soutien financier du FEM [[http://www.thegef.org/gef/press_release/great_green_wall_2011]].
Le programme est constitué de projets nationaux pour les douze pays participants et d’un projet régional, le BRICKS [[Building Resilience through Innovation, Communication and Knowledge Services]], qui se focalise sur la gestion des connaissances, le suivi et la communication [[http://www.thegef.org/gef/pubs/sahel-and-west-africa-program-support-great-green-wall-initiative]]. Ce projet régional est destiné à créer du lien entre les projets individuels en favorisant les échanges de bonnes pratiques et en diffusant des techniques communes, notamment en matière de suivi et d’évaluation des projets [[http://www.thegef.org/gef/BRICKS-launch-2014]]. Le SAWAP est ainsi constitué autour de quatre indicateurs principaux renseignant sur la superficie des secteurs bénéficiant de pratiques de gestion durable des terres, les changements de la couverture végétale, l’évolution des stocks de carbone et l’augmentation des capacités des institutions en charge de la prévention des risques et des réponses à apporter à la variabilité du climat.
Chaque pays s’est attaché à développer des projets intégrés, multisectoriels, à partir des ressources disponibles pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques, la gestion durable des forêts et des terres, ainsi que la protection de la biodiversité. Rappelons que le FEM est le mécanisme de financement des conventions de Rio et appuie les pays en voie de développement pour mettre en œuvre leurs engagements [[http://www.thegef.org/gef/whatisgef]]. Ces projets s’ancrent dans des investissements plus importants du pays et de la banque mondiale (cofinancement) en matière d’agriculture, de développement rural, de gouvernance ou de prévention des risques climatiques. D’autres projets et programmes viennent en parallèle renforcer ces efforts intégrés. Au total, le programme atteint cent millions de dollars en dons, avec des cofinancements dépassant un milliard de dollars et autant de financements parallèles (voir le document attaché à cet article pour le détail des projets nationaux).
Pour autant ambitieux dans ses montants, le programme a été conçu sur des bases simples : les économies sahéliennes et les moyens d’existence des communautés dépendent étroitement du sol, de l’eau et de la végétation. Ces ressources naturelles se détériorent sous la pression humaine et la demande croissante en matière de nourriture, de fourrage, de bois de feu et d’eau. Des sècheresses fréquentes, accompagnées par une faible gestion des usages et aggravées par la variabilité climatique, ont détérioré les services rendus par les écosystèmes, comme la productivité des sols, les produits forestiers ligneux et non ligneux l’accès à l’eau, etc. conduisant à une plus grande insécurité, une plus grande vulnérabilité, et réduisant les options de développement.
Les projets sont différents selon les pays et leurs besoins, mais basés sur un corpus commun d’options pour augmenter la production agricole, la sécurité alimentaire, la prévention des risques, la gestion des bassins versants, la lutte contre l’érosion, la protection des forêts et des aires protégées, etc. Les investissements sur le terrain sont complétés par un appui pour renforcer les institutions et la gestion de l’information, grâce à une meilleure planification locale, un dialogue entre les acteurs et le suivi des résultats. Tous les projets ont aussi en commun une approche intégrée pour promouvoir les bénéfices multiples d’une agriculture économe en carbone : de meilleures récoltes, une meilleure résilience des cultures et des sols qui séquestrent du carbone.
Aujourd’hui, tous les concepts de projets sont connus. Le développement des projets s’est étendu sur 2012 et 2013. Tous les documents de projets sauf un ont été approuvés au niveau du FEM. Les autorités concernées de l’agriculture, des forêts et de l’environnement travaillent avec la banque mondiale pour la mise en œuvre de projets qui sont prévus pour des périodes allant de trois à six ans. Le programme SAWAP est un exemple de contribution à l’initiative de la Grande Muraille Verte. Il y a en a d’autres financés par la Commission européenne par exemple, avec le soutien technique de la FAO et du Mécanisme Mondial de la Convention contre la Désertification. Plus récemment, ces derniers jours, le FEM a validé un projet de près de deux millions de dollars avec le PNUE et l’UICN [[FAO: Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture; PNUE: Programme des Nations Unies pour l’Environnement; UICN: Union Internationale pour la Conservation de la Nature]] pour renforcer la participation de la société civile dans l’initiative de la Grande Muraille Verte.
Le projet SILEM au Burkina Faso, source d’inspiration pour le programme SAWAP
Le projet SILEM [[SILEM: Sahelian Integrated Lowland Ecosystem Management project, décembre 2004-décembre 2010, FEM $4.5 million ; cofinancement $20.52 million]] est bon exemple pour comprendre comment un projet du FEM intervient en complémentarité et en synergie d’un projet de développement [[http://www.thegef.org/gef/knowledge_series/land_degradation/Burkina_Faso]]. Le FEM finance en effets des coûts additionnels pour produire des bénéfices environnementaux mondiaux. Au Burkina Faso, le SILEM s’est ainsi ancré en complément du projet de développement rural communautaire 2 ou PDRC2. Le principe de base est que le PDRC2 finançait des actions de développement rural (routes, santé, social) et que le SILEM se focalisait sur la gestion intégrée des ressources naturelles avec des actions locales qui généraient des bénéfices multiples : récupération de 1000 ha de terres dégradées, augmentation des rendements agricoles, diminution de l’érosion, amélioration de la diversité végétale et animale dans les zones en défens, économie du bois de chauffe par l’utilisation de fours améliorés , renforcement des liens sociaux entre les villages, diminution des conflits entre agriculteurs et eleveur, amélioration des capacités villageoises, etc.
Le SILEM a financé des actions de terrain de gestion des ressources naturelles (conservation des sols- cordons pierreux, fumure organique-, lutte contre l’érosion, agroforesterie, régénération naturelle assistée, gestion des terres de parcours, mise en défens), mais a aussi contribué à formaliser des règles de gestion foncière dans des contrats écrits, délimiter des parcelles et surveiller les sites aménagés. Le projet a bénéficié d’une forte implication des services techniques et des autorités administratives des provinces concernées dans le choix des micro-bassins versants d’intervention du SILEM. L’élaboration concertée des plans de gestion intégré des écosystèmes, des plans d’investissements et la tenue régulière de rencontres inter-villageoises a permis d’entretenir la dynamique. Un climat de confiance s’est instauré entre les populations et l’administration grâce aux approches participatives de planification, à l’auto-organisation des populations, à la formation et à la mise en place de mécanismes incitatifs financiers. L’utilisation des langues locales dans les formations a facilité le transfert et l’application des enseignements pratiques (nouvelles techniques, outils). Le projet a aussi appuyé des villages à travailler ensemble pour une meilleure intégration territoriale. Le projet a bénéficié d’une bonne appropriation au niveau du gouvernement qui a maintenu son intérêt et son soutien pendant toute la durée de mise en œuvre, avec une contrepartie significative. Enfin, la mise en œuvre réussie des concepts de gestion intégrée des écosystèmes par le fonds local s’est traduit par un effet d’entrainement et une demande accrue en microprojets dont 75% ont reçu une évaluation positive des bénéficiaires (de 86 en 2006, 1793 en 2008 et 2971 en 2010).