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publié dans Ressources le 29 avril 2010

Le Nigeria met un embargo sur le riz béninois

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La tumultueuse relation commerciale entre le Bénin et le Nigeria est remis au goût du jour par l’embargo que les autorités d’Abuja viennent de mettre sur le riz importé en provenance de Cotonou. A quelques mois de la mise en vigueur du tarif extérieur commun de la CEDEAO, ce blocage devrait inciter les autorités béninoises à tirer toutes les leçons de leur rapport avec le Géant voisin.

L’affaire d’interdiction de réexportation du riz vers le Nigeria fait grand bruit depuis quelques jours. Les autorités béninoises au plus haut niveau tentent de jouer les bons offices. Et la dernière rencontre des importateurs avec le Chef de l’Etat montre l’enjeu financier qui se trouve derrière cette affaire. Mais l’activisme du gouvernement suffit-il pour ébranler les services de douane du géant voisin de l’Est. Rien n’est encore sûr. Car en fait d’interdiction, le Nigeria n’est pas à son premier coup.
Il n’est un secret pour aucun commerçant habitué à l’axe Cotonou-Lagos, que depuis 2002, le Nigeria a toujours pratiqué un protectionnisme sans pitié sur les produits en provenance du Bénin aux fins de protéger son agriculture et les industries locales. Parmi la longue liste de produits frappés par les mesures restrictives se retrouve en bonne place le riz. Aussi bien à la frontière de Kraké qu’au port de Lagos, le riz importé était frappé de 110% de droit de douanes. De quoi décourager tout importateur tourné vers ce marché. Mais le génie béninois arrive à contourner la législation nigeriane en faisant passer les produits, y compris le riz, par la voie de la contrebande. Lorsque Abuja se fâche contre les indélicatesses des commerçants béninois, il élargit sa liste de produits interdits aux produits d’origine béninois, y compris les produits du cru qui devraient normalement circuler librement à cause du schéma de libéralisation des échanges en vigueur dans l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Sous l’ancien régime, l’enjeu des visites officielles du Président Olusegun Obansanjo était souvent porté vers la levée ou non des mesures restrictives sur les marchandises en provenance du Bénin. Si le Président nigerian avait souvent cédé sur l’arrivée des produits industriels béninois d’origine, il était toujours resté intransigeant sur ceux de la réexportation. Pire, chaque promesse d’ouverture sur les produits made-in-Benin donne lieu à un parcours de combattant pour les opérateurs économiques béninois qui disposent pourtant de l’agrément de la CEDEAO. Si ce n’est pas la quantité de la valeur ajoutée qui est remise en cause, on leur oppose des normes sanitaires et phytosanitaires. On a encore souvenance des va-et-vient infructueux des responsables de NAFDAC et SON, les deux puissantes structures nigerianes de normalisation au sein des entreprises béninoises agréées. Même la création du comité conjoint Bénin-Nigeria pour la coopération commerciale n’a pas arrangé les choses.
Mais depuis deux ans, le Nigeria a été contraint de revoir à la baisse ses tarifs douaniers sur certains produits de grande consommation à cause de la crise alimentaire. Pour lutter contre l’inflation galopante des produits alimentaires, le riz importé a bénéficié d’un démantèlement tarifaire de l’ordre de 60%. Les importateurs étaient autorisés à écouler le produit sur le marché nigérian sans ambages. Mais il semble que la crise alimentaire est passée et que le Nigeria veut renouer avec les vieilles habitudes, au détriment des réexportateurs béninois qui ont profité du système.

L’arrivée du TEC

Mais cette interdiction de réexportation de riz vers le Nigeria vaut consciemment ou inconsciemment un avertissement aux opérateurs économiques béninois. Même si le gouvernement obtient une levée des interdictions, cela ne pourrait être que de façon éphémère. Les importateurs doivent se préparer au pire avec la mise en œuvre du tarif extérieur commun de la CEDEAO (TEC/CEDEAO). Cet instrument va sonner la fin du commerce de réexportation, y compris celui du riz. D’ailleurs la question du riz fait partie des enjeux des négociations pour lesquels le Nigeria a obtenu la création d’une cinquième bande tarifaire de 35% pour protéger la production locale. Avec le TEC, il ne sera donc plus possible de faire transiter le riz par le Bénin d’autant que le port de Lagos va s’aligner sur les tarifs de celui de Cotonou. Pour préserver leur clientèle, il y a nécessité que les importateurs béninois se tournent vers la production locale qui leur permet d’exporter vers le Nigeria sans droits de douane. La production du riz a pris une dimension exceptionnelle ces deux dernières avec une production record de 150 604 tonnes, au cours de la campagne 2009-2010. Mais au stade actuel des choses, le Bénin souffre encore d’un déficit en matière de production de riz. La marge de manœuvre pour exporter est inexistante. Au lieu de chercher à défoncer une porte déjà ouverte, les importateurs béninois de riz doivent déjà commencer à changer de fusil d’épaule en se tournant vers le développement du commerce intra-régional. Tout comme leurs collègues importateurs de tissus, de produits carnés ou autres véhicules d’occasion qui ont pendant des décennies profité des tarifs élevés pratiqués par le Nigeria à ses portes. En clair, c’est toute la politique commerciale avec le Nigeria qui mérite d’être repensée.

Par Gnona AFANGBEDJI

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