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Ceci est un article de la publication "33 : Mieux vendre . Initiatives locales et négociations internationales", publiée le 8 décembre 2005.

Clivages organisations paysannes / Institutions de microfinance

Olivier Maes est assistant technique de la coopération française en poste au Ghana. Il a lui-même géré un réseau de microfinance pendant 5 ans aux Comores (Réseau Sanduk), et a souhaité apporter certaines informations importantes mais selon lui omises dans l’article du dossier microfinance (page 15 de GDS 32). Nous le remercions vivement pour cette riche contribution.

Les banques de développement étaient destinées à financer les activités agricoles mais leur faillite dans les années 70-80, ne peut pas s’expliquer directement par le risque crédit lié aux aléas de l’agriculture. C’est avant tout l’insuffisance d’Etat de droit qui a autorisé un grand d’emprunteurs à ne pas rembourser leur crédit sans craindre pour autant d’être poursuivi par le justice et d’être saisi le cas échéant. Par ailleurs, l’étiquette de « mauvais payeur » n’était pas socialement particulièrement négative. L’emprunteur pouvait être considéré comme suffisamment malin pour avoir réussi à échapper au remboursement d’un argent dit « froid ».

La force des IMF a été de construire des instituions bancaires de proximité, de faire en sorte, par le truchement soit des groupes de solidarité, de l’implication des autorités traditionnelles dans la résolution des conflits, soit par l’épargne préalable, voire dans des cas par l’autogestion des IMF, à créer un lien social fort entre les gestionnaires et clients, entre les emprunteurs et prêteurs. Au sein de ces institutions de proximité (souvent à l’échelle villageoise), il est alors devenu plus difficile pour les emprunteurs d’échapper à leur obligation de remboursement, l’étiquette de « mauvais payeur » devenant socialement clairement négative, l’argent s’étant « réchauffé ».

Par ailleurs, toujours pour limiter le risque lié au crédit, les concepteurs des IMF ont milité en faveur de crédits de faible montant et de faible durée. Cette règle a été érigée au rang des « best practices » et c’est la raison pour laquelle les investissements agricoles (achat et aménagement de parcelles, achat d’intrants et d’équipements) ont été le plus souvent écartés du portefeuille des IMF. En outre, le niveau élevé des taux d’intérêt au sein des IMF était peu propice à l’octroi de crédit plus important sur de plus longues durées.

Le problème de financement de l’activité agricole reste donc entier et le risque avec la multiplication des IMF en milieu rural serait de penser que l’on a résolu le problème de financement des agriculteurs. Aujourd’hui, dans de nombreux pays africains, un vide réel s’est installé.

Ce problème doit être urgemment résolu et ceci pour deux raisons : i) face à l’explosion démographique et afin de préserver ce qui reste de souveraineté alimentaire en Afrique, une forte augmentation de la production agricole est devenue une nécessité, ii) à l’heure de la libéralisation des échanges, le secteur agricole africain a besoin de gagner en productivité. Les agriculteurs du sud devraient donc pouvoir accéder à des crédits de montant adéquat et à des taux d’intérêt subventionnés.

Afin de pas dénaturer les IMF et de ne pas prendre le risque de les fragiliser, mieux vaut militer pour la création de nouvelles banques agricoles mais avec cependant un préalable : l’avènement d’Etats de droit en Afrique. Car, si les assurances peuvent prendre en charge les risques inhérents à un crédit agricole, seul un Etat de droit peut poursuivre un emprunteur récalcitrant, le condamner et saisir ses biens. C’est à cette seule condition que l’on maintiendra que l’on créera et maintiendra une activité bancaire agricole. La balle semble donc, une nouvelle fois, dans le camps des pays africains.

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