Inscrite dans une sociologie de l’action collective, cette analyse décentrée sur les luttes paysannes et rurales dans les forums sociaux entre 2000 et 2010 explore la diversité des acteurs, des mobilisations et des revendications portées au sein d’espaces nationaux, régionaux, continentaux et internationaux, en termes de sécurité, d’autonomie et de souveraineté alimentaires, de réforme agraire et de « Terre commune ». Depuis les années 2000, des acteurs associatifs, syndicaux et militants issus des campagnes ont en effet investi les forums sociaux, arguant de la centralité de leurs luttes dans divers ateliers, plénières, séminaires, déclinées sous la forme de la remise en cause des rapports d’exploitation – de classe, de caste, de race et de genre. Réclamant l’accès à la terre et aux ressources naturelles vitales (eau, semences, forêts, etc.), des « sans-terre », journaliers agricoles, petits paysans, pêcheurs artisanaux, peuples autochtones, ruraux déplacés, femmes discriminées se sont mobilisés autour de la défense de leurs droits d’existence, incriminant en particulier les méfaits d’une mondialisation libérale qui conduit à la surexploitation des ressources naturelles, à la privatisation et/ou la spoliation des terres, la concentration et à la transnationalisation du capital foncier, le développement de l’agrobusiness, le brevetage du vivant, la destruction des communautés, les migrations forcées, ou encore la répression des mouvements sociaux. L’objet de cet article est d’examiner le travail d’internationalisation des enjeux et de convergence des luttes – paysannes et autochtones mais aussi rurales et urbaines – accompli au sein des forums sociaux autour de l’affirmation de l’interdépendance des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels et de la reconnaissance de droits collectifs conditionnés aux devoirs de tous envers la « Terre commune ».
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