Cet article d’analyse d’Humundi met en lumière les enjeux des stocks publics, les défis de régulation à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et la nécessité pour les organisations de la société civile de développer une influence pour défendre les intérêts des pays en développement dans un espace de plus en plus polarisé. Les stocks publics, pour des raisons de sécurité alimentaire, font l’objet d’une intense lutte entre États membres à l’OMC. Pour certains membres, c’est le libre marché qui devrait réguler les marchés agricoles quand d’autres demandent plus de stocks pour corriger les impacts néfastes du libre marché sur la sécurité alimentaire.
L’Inde, par exemple, défend les programmes de stocks publics avec prix minimums d’achat comme essentiels pour assurer la sécurité alimentaire et soutenir les petits agriculteurs et critique l’OMC pour l’incohérence des règles qui permettent aux pays du Nord de subventionner largement leur agriculture par d’autres moyens (comme les aides directes) tout en restreignant les pays du Sud. Car la situation actuelle est tout sauf celle d’un marché libre : subventions massives de l’Union européenne via les aides à l’hectare de la Pac, aides directes de la Farm Bill aux États-Unis, manques structurels de budget des pays du Sud global (plans d’ajustement structurels, endettement massif) : c’est bien un système inéquitable sur lequel est basé l’OMC et que les pays développés cherchent à tout prix à perpétuer.
L’article cite plusieurs exemples de programmes de stocks publics qui ont démontré des résultats probants (Asie du Sud-Est et Afrique de l’Ouest) et revient sur les échanges entre les négociateur·ices français, européens et britanniques membres de l’OMC et les ONG pendant la table-ronde organisée au Forum public avec la Coast Foundation (Bangladesh), Third World Network (Inde), et Handelskampanjen (Norvège), avec la présence du négociateur agriculture pour le groupe africain à l’OMC. Cette table-ronde co-organisée par Humundi avait pour but de défendre l’intérêt des stocks publics et des politiques commerciales qui viennent en appui aux agriculteur·ice·s de petite surface.
Le Forum public est le lieu où les acteur·ices de la société civile (ONG et entreprises) tentent d’influencer les délégations des pays membres (166 en 2024).
Pour aller plus loin :
L’analyse de l’économiste allemande Isabelle Weber qui a mis en avant le rôle des stocks comme outil de régulation dans une perspective post-néolibérale. L’utilisation des stocks apporterait une réponse aux limites d’un marché ouvert.
Position du réseau Our World Is Not For Sale (OWINFS), avec lequel Humundi mène le plaidoyer auprès de l’OMC
Entretien Humundi avec Lora Verheecke, chargée de recherche commerce au CNCD, à propos de l’accord UE-Mercosur