L‘étude « Productivity effects of agroecological practices in Africa » est une revue systématique et une méta-analyse menée par des chercheurs affiliés au Center for Development Research (ZEF), unité de recherche interdisciplinaire de l’Université de Bonn, en Allemagne, et publiée en novembre 2024 dans la revue Food Security. L’étude évalue les effets des pratiques agroécologiques sur la productivité des terres et du travail en Afrique.
Méthodologie : l’étude repose sur une recherche documentaire et analyse de 501 articles scientifiques publiés de 1990 à 2024, avec des critères stricts pour inclure des études traitant des pratiques agroécologiques en Afrique, incluant les études expérimentales comparant des pratiques agroécologiques à des monocultures avec ou sans intrants. Pour la méta-analyse, 39 études agronomiques (392 observations) ont été sélectionnées pour quantifier les impacts des pratiques agroécologiques sur la productivité des terres et du travail. Les effets sont mesurés en termes de rendement agricole (kg/ha) et de productivité du travail (USD/jour ou bénéfices nets).
Résumé des résultats :
- Croissance de la recherche : La littérature sur les pratiques agroécologiques en Afrique a considérablement augmenté depuis 2014, avec une concentration en Afrique de l’Est, notamment au Kenya.
- Effets des pratiques :
- Les pratiques agroécologiques augmentent en moyenne de 39 % la productivité des terres par rapport aux monocultures sans intrants.
- Les résultats varient en fonction des cultures, des sols et des climats.
- Lacunes et défis :
- Les résultats montrent des différences selon les pratiques et les conditions locales, ce qui suggère que l’impact des pratiques agroécologiques n’est pas uniforme. Les études sur la productivité du travail sont limitées, et les expériences étaient souvent de courte durée, ce qui pourrait sous-estimer les effets à long terme des pratiques agroécologiques.
- Manque d’études sur d’autres cultures importantes comme les tubercules.
- L’augmentation des besoins en main-d’œuvre pose des défis pour l’adoption des pratiques.
- Recommandations : Les pratiques combinant fertilisants organiques et minéraux semblent les plus prometteuses, mais des efforts pour mécaniser et réduire les coûts en travail sont nécessaires pour soutenir leur adoption.
Conclusion : Les pratiques agroécologiques peuvent augmenter la productivité des terres dans des contextes où l’accès aux intrants chimiques est limité, mais nécessitent souvent plus de travail. Des études à plus long terme et une évaluation approfondie des coûts et des bénéfices sont nécessaires pour mieux comprendre l’impact global de ces pratiques en Afrique.
Source : Romero Antonio, M.E., Faye, A., Betancur-Corredor, B. et al. Productivity effects of agroecological practices in Africa: insights from a systematic review and meta-analysis. Food Sec. (2024). https://doi.org/10.1007/s12571-024-01504-6