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publié dans Autres publications, Ressources le 12 septembre 2022

L’ananas bio du Bénin, une culture rémunératrice mais exigeante

Inter-réseaux

Organisations de producteurs et de productricesAgriculture bioAnanasBéninReportage

Le 23 juillet 2022, Inter-réseaux était à Allada (Bénin) pour rencontrer le RéPAB (Réseau des Producteurs d’Ananas du Bénin). Au cours de cette visite de terrain, son coordinateur témoigne des contraintes et des opportunités de cette filière pour les petits producteurs et productrices. Le réseau développe des solutions pour faciliter l’adoption des itinéraires de production biologique. 

Kiki Damien, devant le siège du RéPAB à Allada. Juillet 2022

Sur le plateau d’Allada, à quelques dizaines de kilomètres de Cotonou, le RéPAB accompagne les 770 producteurs et productrices membres à produire et à commercialiser l’ananas biologique. Créé en 2003, le réseau promeut deux variétés : le Pain de sucre, qui a récemment obtenu une certification internationale (IGP), et la Cayenne lisse.

Si cette culture est rémunératrice, la tâche est ardue et requiert beaucoup de patience. Une fois mise en terre, il faudra attendre 15 à 18 mois avant que la plante ne donne son fruit. D’autre part, la production biologique exige un travail manuel plus important pour sarcler le champ tous les 4 mois et l’apport d’intrants organiques, qui ne sont pas toujours aisés à obtenir.

Des solutions pour faciliter l’adoption de la production biologique 

Sur sa parcelle de démonstration, Kiki Damien, le coordinateur du RéPAB, tente de lever les réticences de certains producteurs : « On ne peut pas être coordinateur si on ne se met pas soi-même à la tâche ! ».

Champ de Pain de Sucre en production biologique. Juillet 2022

Ici, les jeunes plants sont parfaitement alignés. Cela facilitera les opérations de production (sarclage, épandage, etc.) et permettra de réaliser, planche par planche, la planification et le calcul des coûts. Entre les lignes d’ananas, des plants de maïs ou de soja ont été installés. Les cultures associées sont encouragées. Elles améliorent la fertilité des sols et assurent aux producteurs des revenus étalés dans le temps.

Le champ est borné par une bande de séparation de 6 mètres de large. C’est l’une des contraintes imposées par une certification bio ECOCERT que le RéPAB a obtenue en 2009. Cette perte de surface a un coût important pour les petits producteurs qui doivent bien souvent louer la terre. Kiki Damien a trouvé une astuce : y cultiver le manioc afin de limiter le manque à gagner.

La récolte, une affaire de femme

Préparation des rejets de Cayenne lisse. Juillet 2022.

Dans le champ voisin de celui de Kiki Damien, les fruits arrivés à maturité ont déjà été ramassés et les feuilles épineuses recouvrent le sol. Vêtue de longues manches et de gants de protection, un groupe de femmes s’active. Elles détachent les rejets (nouvelles pousses) qui seront mis en terre d’ici quelques mois pour un nouveau cycle de production de l’ananas.

Le bras de fer du prix

Entre producteurs et commerçants, la négociation du prix est tendue. Le RéPAB entend défendre l’intérêt de ses membres en développant la commercialisation directe avec les exportateurs et les transformateurs. Par exemple, un partenariat avec l’entreprise béninoise les Fruits Tillou a été noué en 2016 autour de la création d’une société à capital partagé qui exporte du jus d’ananas bio (lire la capitalisation d’Inter-réseaux). Mais la chute du cours mondial en 2018 a fortement perturbé le modèle économique de ce partenariat.

Les Jus Tillou, société à capital partagé. FIDA, 2021. Lire la publication complète

Un réseau en croissance 

Quatre nouvelles coopératives ont rejoint le RéPAB cette année, et bientôt le siège sera trop petit pour accueillir les techniciens qui accompagnent les producteurs et productrices sur le terrain. Le réseau travaille aujourd’hui à diversifier ses clients pour absorber le volume de production qui ne cesse de croître. Depuis 2019, l’entreprise togolaise Jus Délices vient s’approvisionner en ananas Cayenne lisse auprès du RéPAB. Le marché local, lui, reste encore à la marge : la demande ne permet pas d’obtenir un prix rémunérateur pour les producteurs bio.

Inter-réseaux Développement rural (Marie Hur), juillet 2022

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