A partir de l’analyse de bases de données, cet article montre que les terres utilisables en culture pluviale et non cultivées ne sont pas, et ne seront pas prochainement, une ressource rare à l’échelle de la planète : d’après ces données, il serait possible de doubler la superficie cultivée mondiale sans empiéter sur les forêts et en laissant de côté une partie des terres à faible rendement ; et il serait possible de multiplier cette superficie par 1,6 en excluant de plus de la mise en culture toutes les zones actuellement protégées. En outre, le réchauffement climatique pourrait entraîner un accroissement, modeste, des superficies cultivables du monde. Les terres cultivables non cultivées sont très abondantes en Amérique du Sud et en Afrique sub-saharienne. Mais elles sont rares, voire épuisées, au Moyen-Orient et en Asie. A cet égard, l’Asie du Sud et du Sud-Est pourraient de plus pâtir du réchauffement climatique.
A l’échelle du monde, les superficies des terres utilisables en culture pluviale sont largement supérieures aux superficies nécessaires pour assurer tout à la fois des conditions de sécurité alimentaire satisfaisantes pour l’ensemble de l’humanité et un certain développement des cultures pour les agrocarburants. Cette conclusion reste vraie même en se plaçant dans l’hypothèse d’une très faible croissance des rendements des cultures, selon un scénario de révolution doublement verte durable, et même en excluant de la mise en culture toutes les forêts et toutes les zones actuellement protégées. La valorisation durable des ces ressources en terres cultivables requiert des politiques publiques appropriées de prix agricoles, d’accès à la terre et de recherche-développement orientées vers les besoins et les possibilités des producteurs pauvres.