Depuis deux ans, les médias parlent beaucoup des accaparements massifs de terres agricoles. Ils alertent l’opinion publique sur les violations des droits des populations et sur les dangers pour la sécurité alimentaire dans les territoires concernés. Ils ne disent pas que ces phénomènes constituent une menace globale pour l’humanité, que leurs conséquences sont irréversibles et tout aussi graves que le réchauffement climatique ou la perte de la biodiversité. Presque tous, politiques, chercheurs et observateurs, semblent s’accorder sur le fait qu’il faut beaucoup plus d’investissements dans l’agriculture pour relever le défi de la faim et de la pauvreté à l’échelle planétaire. Il suffirait dès lors de mettre en place des « investissements agricoles responsables », pour que tous y trouvent leur compte. Des contrats « gagnant-gagnant » qui s’inspireraient de directives volontaires seraient élaborés à cet effet et s’imposeraient par eux-mêmes, sans que l’on ait à contraindre quiconque à les appliquer. Les organisations internationales s’y emploient. Si cela marchait, on pourrait sur le même modèle supprimer les lois contraignantes dans tous les pays, ouvrir les prisons et il suffirait de mettre en place des codes de bonne conduite d’application non contraignante au travers desquels voleurs et volés, agresseurs et agressés, bourreaux et victimes, exploiteurs et exploités pourraient se réconcilier. Malheureusement, nous avons un peu de mal à y croire.