Résumé : Nous présentons dans cet article deux modèles opposés d’accumulation primitive du capital dans deux « régions périphériques » : le modèle d’Asie du Sud-Est et celui d’Afrique subsaharienne. En Asie du Sud-Est, la différenciation des classes sociales agricoles qui a accompagné la « révolution verte » a créé une réserve de main-d’œuvre bon marché, qui a attiré les investissements directs du « centre » industriel le plus proche, le Japon. En revanche, en Afrique subsaharienne, le système foncier dominant de la propriété communautaire a empêché l’émergence de marchés fonciers ruraux actifs. Les mouvements de décomposition et recomposition des classes sociales paysannes y ont donc été beaucoup moins actifs et moins attractifs pour le « centre » industriel proche, l’Europe. Ce sont les différences entre systèmes fonciers (d’un côté, la propriété foncière individuelle et, de l’autre, la propriété foncière communautaire), eux-mêmes produits de l’histoire locale, qui nous semblent être à l’origine de modèles opposés d’accumulation primitive dans les deux régions.