Depuis les années 1950, les pasteurs peuls transhument dans l’Ouest du Burkina Faso, entre les zones sahéliennes et les zones soudaniennes. Ils font ainsi face à la variabilité des précipitations et suivent la ressource en eau et en fourrage. Mais depuis les années 1970, un front pionnier agricole s’est ouvert et l’espace s’est trouvé saturé par les champs. Dans le bassin cotonnier, zone de transition entre les milieux sahéliens et soudaniens, les pâturages ont été réduits et le déplacement des troupeaux est devenu difficile. À Padéma, une commune au cœur de la zone cotonnière et représentative de la saturation spatiale, des pistes à bétail ont été aménagées pour sécuriser les cultures face aux dégâts d’animaux. Cet aménagement est un bon exemple du changement de fonction des espaces pastoraux : ce ne sont plus des pâturages mais seulement des espaces de transit pour les troupeaux. Les aménagements pastoraux, réalisés par des agro-éleveurs villageois plutôt que par des Peuls transhumants, sont symptomatiques d’un changement dans les logiques de mobilités pastorales. L’espace pastoral régional est en recomposition sous l’effet des aménagements locaux.