Le continent se transforme en laboratoire où tester de nouvelles méthodes de production alimentaire. Selon certains spécialistes, si les agriculteurs africains parvenaient à obtenir ne serait-ce que 4 t de céréales par hectare en utilisant la technologie existante – soit un rendement multiplié par quatre, ce qui reste une gageure –, ils pourraient non seulement mieux se nourrir, mais aussi exporter leur excédent de denrées. Cela leur permettrait d’obtenir les liquidités dont ils ont tant besoin, tout en contribuant à nourrir la planète.
Mais la question la plus épineuse est la suivante : qui cultivera la terre dans l’Afrique de demain? Des paysans pauvres qui cultivent des parcelles d’un demi-hectare et représentent environ 70 % de la population active du continent ? Ou bien des géants industriels comme Wanbao, qui gèrent d’immenses exploitations calquées sur celles du Middle West américain ?
Les organisations humanitaires qui luttent contre la faim dans le monde et défendent les droits des paysans considèrent que les transactions foncières opérées par les grands groupes relèvent du « néocolonialisme » et de l’« agro-impérialisme ». Mais des experts en développement agricole estiment que l’afflux massif de fonds, d’infrastructures et de technologie privés peut catalyser le développement de ces zones rurales défavorisées – à condition que grandes exploitations et petits paysans puissent travailler ensemble.