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Les systèmes alimentaires actuels sont confrontés à de multiples pressions : économiques, énergétiques, démographiques, sécuritaires, etc., et cette situation exige une révision profonde de leurs fondements. Face aux inégalités croissantes concernant notre manière de produire et de consommer, ils doivent devenir plus sains, durables et résilients afin de répondre aux objectifs de l’Agenda 2030 pour le développement durable. La compréhension de ces systèmes est devenue la clé pour non seulement pouvoir agir, mais aussi anticiper les éventuelles crises à venir. Réalisé en partenariat avec Ipar Think Tank, dont le focus est la production d’évidences scientifiques pour éclairer les décisions politiques, ce numéro Grain de sel s’intéresse à la façon dont la recherche peut combler l’écart entre les pratiques agricoles innovantes et les politiques agricoles et alimentaires. Cela implique une coopération renforcée entre les chercheurs, les organisations paysannes, le secteur privé et les décideurs politiques pour contribuer à l’accélération du développement de systèmes alimentaires productifs, sains et durables. Toutefois, cette coopération se heurte souvent à des différences de rythme et de perspectives, illustrant la complexité des interfaces entre les différentes parties prenantes.
Face à cette situation, il est impératif de trouver de nouvelles manières de co-créer et de partager les connaissances pour une agriculture et une alimentation durables. Cela demande une anticipation, une compréhension de dynamiques, une analyse fine et surtout des évidences à mobiliser pour contribuer à l’amélioration des systèmes alimentaires. Cela passe par une accessibilité accrue aux nouvelles connaissances, technologies et pratiques pour tous les utilisateurs, favorisant ainsi la mise à l’échelle des innovations en fonction des contextes. Une implication plus significative des agriculteurs et agricultrices, des consommateurs et consommatrices, et des organisations locales dans les processus de recherche, de transformation, de commercialisation et de garantie de la durabilité des produits alimentaires et agricoles est cruciale pour catalyser des apprentissages dynamiques et innovants. Pour ce faire, le focus devrait être mis sur l’anticipation de l’évolution des agricultures familiales et leurs contributions, sur des bases productives maîtrisées, dans des systèmes alimentaires plus résilients.
Plusieurs questions soulevées dans ce numéro demeurent ouvertes et nécessitent encore des recherches approfondies pour éclairer les politiques alimentaires du futur. Comment pouvons-nous mieux intégrer les savoirs locaux dans les recherches scientifiques pour garantir que les innovations soient adaptées et acceptées ? Quelles stratégies peuvent être mises en place pour assurer une réelle interdisciplinarité dans les recherches sur les systèmes alimentaires, qui souvent s’isolent dans des silos technicistes ? Comment financer une recherche qui ne soit pas influencée par l’industrie agroalimentaire ? En outre, comment les dynamiques politiques peuvent-elles être conçues pour répondre à l’urgence de la sécurité alimentaire, aux demandes de souveraineté alimentaire, mais aussi pour encourager des pratiques agricoles qui préservent l’environnement et la biodiversité ? Autant de questions qui restent au coeur des défis à relever pour transformer les systèmes alimentaires vers des modèles plus durables et territorialisés. Chercheurs et politiques doivent transcender leurs rôles traditionnels pour devenir de véritables moteurs de changement aux côtés des acteurs du monde rural. En plaçant la connaissance scientifique au coeur des processus décisionnels, nous pourrons espérer avancer vers des systèmes alimentaires qui nourrissent l’Afrique de manière digne et pérenne.
Les systèmes alimentaires actuels sont confrontés à de multiples pressions : économiques, énergétiques, démographiques, sécuritaires, etc., et cette situation exige une révision profonde de leurs fondements. Face aux inégalités croissantes concernant notre manière de produire et de consommer, ils doivent devenir plus sains, durables et résilients afin de répondre aux objectifs de l’Agenda 2030 pour le développement durable. La compréhension de ces systèmes est devenue la clé pour non seulement pouvoir agir, mais aussi anticiper les éventuelles crises…
Sommaire N°86
•Éditorial 3 • Repères: sans interfaces science-politique, pas de transformation des systèmes alimentaires 4-5 • Accompagner les évolutions des habitudes alimentaires, Ipar 6-7 • Rendre les connaissances accessibles aux politiques, Aced 8-9 • Identifier les innovations pour améliorer la résilience, FAO-HLPE 10-11 • Les rapports de forces orchestrés par l’industrie agroalimentaire, African Centre for Biodiversity 12-13 • Financer l’utilisation de données probantes, Fondation Hewle 14-15 • L’agroécologie, une science qui relie, Creates 16-17 • La force des alliances…
Un système alimentaire comprend tous les éléments (ressources naturelles, personnes, intrants, processus, infrastructures, institutions, produits, etc.) et activités liées à la production, à la transformation, à la distribution, à la préparation et à la consommation des aliments et aux extrants de ces activités, y compris les impacts socio-économiques et environnementaux (HLPE, 2014). Favoriser les dialogues entre scientifiques, responsables politiques et société civile : Principes clés des interfaces science-politique Quel engagement des communautés dans la recherche ? La…
L’Afrique de l’Ouest est la région la plus urbanisée d’Afrique subsaharienne avec 43 % de sa population vivant dans les villes. Cette urbanisation et les changements de style de vie associés ont engendré une profonde mutation des habitudes de consommation alimentaire. Cet article explore comment la recherche peut accompagner et guider cette transition en répondant aux défis de durabilité des systèmes agricoles, de sécurité alimentaire et d’inclusion sociale.
La recherche fournit des connaissances, des innovations et des solutions fondées sur des données probantes qui peuvent transformer les sociétés et les économies. Ce lien fonctionnel exige une interaction forte et mutuellement bénéfique entre la communauté des décideurs et praticiens de développement (ici considérés comme les utilisateurs nets de connaissances), et celle des scientifiques (ici considérés comme les générateurs nets de connaissances). Mais dans la pratique en Afrique, notamment au sud du Sahara, ce lien est faible ou…
Les rapports du Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE-FSN) fournissent au Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) des analyses indépendantes utilisées pour informer et guider les politiques mondiales de sécurité alimentaire et de nutrition. Le rapport 2020 plaidait pour une transformation radicale et urgente des systèmes alimentaires, et l’appel à l’action du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires de 2021 s’est concentré sur cinq objectifs, dont l’un consiste…
Emile Frison est membre fondateur du panel IPES-Food (International Panel of Experts on Sustainable Food Systems), conseiller principal de l’Agroecology Coalition, et expert en agroécologie et en biodiversité agricole. Il décrypte les freins à la mise en place de politiques agricoles durables et plaide pour une recherche participative. Un entretien exclusif pour Grain de sel en ligne.
Le Centre africain pour la biodiversité (African Centre for Biodiversity, ACB) est une organisation de recherche et de plaidoyer qui œuvre en faveur de la souveraineté alimentaire et de l’agroécologie en Afrique, mettant l’accent sur les systèmes de semences et la biodiversité agricole. Ce centre a publié en 2024 une série détaillée consacrée aux aliments ultra-transformés (UPF) sur le continent africain. Ces fiches examinent l’évolution des comportements alimentaires et la dépendance croissante à l’égard des UPF. La directrice…
Depuis une dizaine d’années, la fondation privée américaine William et Flora Hewlett soutient les évaluations d’impact par des centres de recherche et l’institutionnalisation de l’utilisation des données dans les processus de prise de décision politique. Octroyant environ 25 millions de dollars par an à diverses structures, principalement au Ghana, au Sénégal, au Kenya, en Ouganda et à l’international, cette fondation philanthropique entend participer à l’amélioration des politiques en les fondant sur des données probantes. Entretien avec Ousseynou Ngom,…
Comment la recherche doit-elle évoluer pour mieux participer à la transformation des systèmes et des régimes alimentaires ? En quoi l’agroécologie nourrit-elle ces réflexions ? Soulignant les limites des sciences agronomiques conventionnelles, le chercheur Patrick Bottazzi propose différentes manières d’élaborer les savoirs, qui ne se limitent pas aux approches scientifiques conventionnelles mais incluent également les savoirs locaux, les perspectives des sciences sociales, et même les approches artistiques pour adopter une vision plus large et plus inclusive des problématiques…
Depuis 2019, des organisations de la société civile sénégalaise, des instituts de recherche et de formation, des élus, des entreprises privées et des institutions étatiques œuvrent ensemble pour promouvoir des systèmes alimentaires durables à travers l’agroécologie sous une bannière commune intitulée la Dynamique pour une Transition Agroécologique au Sénégal (DyTAES). En engageant une collaboration multisectorielle et pluridisciplinaire, ces acteurs démontrent comment co-construire des politiques alimentaires locales.
Fin 2019, le gouvernement togolais décide l’incorporation obligatoire de 15 % à 20 % de cultures locales (sorgho, soja, manioc) dans le pain et produits similaires afin d’inciter à sortir de la dépendance au blé importé. En 1964, la FAO lançait déjà un vaste programme de valorisation des céréales locales en Afrique. Depuis, les recherches se sont multipliées pour incorporer des farines locales dans la fabrication du pain (le BROCI, un mélange blé-maïs en Côte d’Ivoire, le pain…
Au Sénégal, huit millions de baguettes de pain sont produites chaque jour à partir de farine de blé totalement importée, d’après la Fédération nationale des boulangers (FNBS). Les initiatives d’incorporation des céréales locales (pamiblé, pain riche, pain doolé) n’ont pour l’instant pas produit les effets escomptés. Le Bureau d’analyses macroéconomiques de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA-BAME) a initié une étude sur les contraintes à l’incorporation des céréales locales dans la fabrication du pain afin d’ouvrir des pistes…
Jacob Kiema, de la Confédération paysanne du Faso (CPF), revient sur l’alliance formée il y a presque 20 ans contre les Accords de Partenariat Économique (APE) entre l’UE et les pays ACP. Ces accords avaient suscité de vives inquiétudes sur leurs impacts négatifs pour les économies africaines et la souveraineté alimentaire. Grâce à des données probantes, les organisations paysannes ont pu démontrer les risques pour la production locale et le commerce régional en Afrique, établissant ainsi de nouveaux…
Les plateformes d’innovations (PI) permettent d’échanger les connaissances, de générer des innovations agricoles et de développer des actions collectives tout au long de la chaîne de valeur. Cet article explore comment le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Search et le Développement Agricoles (CORAF) a amélioré l’accès et l’adoption des technologies agricoles pour les femmes, tout en renforçant la participation féminine dans les chaînes de valeur agro-sylvo-pastorales et halieutiques, grâce à l’intégration du genre dans les plateformes…
L’épidémie de Covid-19 a mis à mal les systèmes alimentaires à l’échelle planétaire en raison d’une perturbation des chaînes de valeur. Cee crise sanitaire a aussi suscité l’intérêt des décideurs à davantage considérer le futur dans la définition des politiques publiques. Cet article écrit par les chercheurs de l’Ipar revient sur la pertinence de la recherche prospective pour développer la culture de l’anticipation afin de promouvoir des systèmes alimentaires plus résilients.
La mise en place de politiques publiques basées sur des données probantes représente un défi majeur pour les gouvernements. Cet enjeu implique, pour le Sénégal, d’investir dans la collecte, l’analyse et le partage de données, en particulier dans le secteur agricole. L’expérience d’AgriData, portail numérique dédié au partage de statistiques et de données agricoles, montre comment les différents acteurs concernés peuvent s’engager à établir un cadre commun pour faciliter l’accès aux données pertinentes
Plusieurs pays se sont engagés depuis une décennie dans l’élaboration de politiques multisectorielles et essaient de promouvoir des approches intégrées en faveur de systèmes alimentaires sains et durables. La mise en œuvre de ces politiques touchant différents secteurs n’est pourtant pas évidente sur le terrain, ceux-ci n’ayant pas toujours l’habitude de collaborer. Les initiatives autour de l’alimentation scolaire permettent d’ouvrir le chemin.
Après avoir développé un cadre conceptuel et une méthode d’analyse des systèmes alimentaires dans les années 2020-22, le Cirad et la FAO élargissent leur collaboration à Agrinatura autour du projet SASi-SPi financé par l’Union Européenne, pour catalyser la transition vers des systèmes alimentaires durables et inclusifs. Les moyens pour atteindre cet objectif sont de mobiliser l’intelligence collective des acteurs du territoire tout en renforçant le dialogue science-politique. Illustrations des méthodes déployées par les chercheurs du Cirad au Bhoutan,…
L’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (Afsa) est une plateforme continentale rassemblant différents acteurs de la société civile (organisations d’agriculteurs, réseaux africains d’ONG, mouvements de consommateurs… répartis dans 50 pays) qui promeut des solutions africaines pour les politiques de souveraineté alimentaire. Famara Diédhiou, chargé de programme Afrique de l’Ouest pour l’Afsa, échange ici avec Cheikh Oumar Ba, socio-anthropologue et directeur exécutif d’Ipar, think tank sur les politiques publiques dans le secteur agricole et rural en Afrique de…
Inter-réseaux Développement rural s’associe de nouveau à l’un de ses membres pour la co-réalisation de sa revue Grain de sel. Ce partenariat autour du dialogue science-politique pour des systèmes alimentaires durables avec l’Ipar, Initiative Prospective Agricole et Rurale, permet aux deux organismes de poursuivre leur mission de gestion des connaissances et d’invitation au débat, au dialogue et à la réflexion.
Plusieurs organisations membres d’Inter-réseaux animent et soutiennent des projets de recherche-action et de réflexions en lien avec la recherche et les politiques publiques sur le thème des transitions des systèmes alimentaires. Certaines ont intégré notre comité de rédaction (Acting for Life, Afdi, Gret, Ipar, Iram) ou ont co-signé certains articles (CPF via le Roppa, Gret, Ipar). Leurs expériences ont nourri les choix et débats de ce présent numéro.
La généticienne Jeanne Zoundjihekpon a dédié sa vie à la recherche et à l’action, pour protéger les biens communs et promouvoir des pratiques agricoles durables et respectueuses de la biodiversité africaine. Portrait.