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Un des principaux points d’achoppement concernant le travail non rémunéré est sa rémunération. Doit-on payer les femmes pour tout le travail gratuit réalisé ? Et qui doit payer ? Il est vrai que dans les années 1970, le “mouvement international pour un salaire au travail ménager” (Wages for housework) porté par Silvia Federici, Selma James et Maria Rosa Della Costa ont explicitement revendiqué un salaire dans leur slogan. Mais le sujet a fait discorde (et fait toujours discorde) y compris dans les mouvements féministes.
Les échanges au sein du réseau ont fait ressortir plusieurs controverses sous-jacentes à la question du travail de soin non rémunéré qui se sont agrégées : • L’approche genre et le travail (de soin) non rémunéré sont des concepts importés d’Occident en-dehors de toute considération des contextes locaux et relèvent d’un colonialisme intellectuel ; • L’échelle micro d’analyse du travail (de soin) non rémunéré conduit à un syndrome du lampadaire et n’éclaire pas les ressorts macro des inégalités…
Il peut paraître simple de définir ce qu’est le travail de soin non rémunéré pour lequel il existe des définitions institutionnelles et académiques. Mais en y regardant de plus près on se rend compte que ses contours sont flous. D’autant plus si on s’intéresse aux agricultures familiales.
Le travail non rémunéré s’effectue en grande majorité dans la sphère privée, familiale ou intime et hors de la sphère marchande. Reconnu officiellement depuis peu, gratuit, il n’est que partiellement pris en compte dans les statistiques de développement. C’est pour cette raison que l’on parle également de travail invisible. Toutefois, des estimations de son ampleur en termes de temps et de poids économique lui donnent davantage de visibilité. La crise du Covid 19 a également mis un coup…
“Qui s’occupe de quoi ? De quelle manière et dans quelles conditions ?”. C’est la question fondatementale que pose la recherche sur le care et que rappelle Natacha Borgeaud-Garciandía, Nadya Araujo Guimarães, Helena Hirata dans leur introduction au dossier consacré au care aux Suds (Borgeaud-Garciandía, 2020). Partout dans le monde les femmes sont aux avant-postes du travail non rémunéré mais elles le sont de façon différenciées.
Mis sur le devant de la scène par le mouvement Wages for housework dans les années 1970, la notion de travail non rémunéré a été forgée et modelée par les mouvements féministes et les chercheuses en genre, essentiellement du Nord. Mais est-ce que le travail de soin non rémunéré et le genre – qui constitue son cadre théorique – sont deux concepts importés d’Occident et non pertinents dans les contextes africains ?
En 2015, l’Organisation des Nations Unies adopte les Objectifs du Développement Durable (ODD) dont l’Objectif 5.4 qui cible explicitement le travail le soin non rémunéré. Mais en quoi est-il pertinent de s’y intéresser dans le cadre des politiques de développement agricole et rural ? L’enjeu est à la fois un enjeu de production agricole, de lutte contre les inégalités et de justice sociale.
Un des principaux points d’achoppement concernant le travail non rémunéré est sa rémunération. Doit-on payer les femmes pour tout le travail gratuit réalisé ? Et qui doit payer ? Il est vrai que dans les années 1970, le “mouvement international pour un salaire au travail ménager” (Wages for housework) porté par Silvia Federici, Selma James et Maria Rosa Della Costa ont explicitement revendiqué un salaire dans leur slogan. Mais le sujet a fait discorde (et fait toujours discorde)…
Qui doit prendre en charge le travail de soin ? C’est une des questions posées par le “Domestic Labor Debate” dans les années 1970 et que les recherches sur le care ou les personnes en charge des politiques publiques continuent de poser. Est-ce que ce doit être l’Etat et la société à travers la protection sociale ? Ou doit-il rester de la responsabilité des ménages et de la famille ? Et dans quelles conditions la prise en charge…
Chaque argument, analyse ou information est rattaché dans le texte à une référence rappelée dans chaque “chapitre-question” et dans la partie bibliographie.