Défis agricoles africains. Sous la direction de Jean- Claude Devèze. Préface de Jean-Michel Debrat Éd. Karthala, Agence française de développement juin 2008, 414 p., 26 euros ISBN 978-2-8111-011-7
Cet ouvrage, centré sur le devenir des agricultures subsahariennes et leur rôle dans le développement du sous-continent, montre l’importance des enjeux démographiques, économiques et environnementaux, mais aussi sociaux, culturels et politiques.
Alors que la question de l’alimentation de la planète redevient cruciale, le premier défi à relever par les agricultures subsahariennes est de produire plus et mieux pour nourrir une population croissante en valorisant un fort potentiel naturel, en utilisant les grandes marges possibles de progrès et en profitant de la hausse des prix agricoles.
Alors que la population rurale continue de croître, le second défi est de promouvoir un capital humain disponible aujourd’hui gaspillé faute de mettre à disposition des agricultures familiales des possibilités de formations, d’innovations et un environnement social, économique et réglementaire favorable.
Alors que sous-emploi, problèmes alimentaires, conflits, exodes, désertification menacent, le troisième défi est de réussir l’inscription de ces efforts de valorisation et de promotion dans la durée, dans l’espace et dans l’ensemble de l’économie grâce à la mise en œuvre de politiques agricoles, sociales et environnementales cohérentes et à une gestion intégrée des territoires.
Pour relever ces trois défis et pour conduire les changements indispensables sur les exploitations et sur les terroirs ainsi que dans la gestion des filières agricoles, les agriculteurs et les responsables de leurs organisations se retrouvent en première ligne. Ils sont porteurs d’une vision de l’avenir de leur agriculture et du monde rural qui est essentielle pour donner sens aux transitions des économies rurales africaines. Cet ouvrage aura rempli son objectif s’il induit un changement de regard sur les agricultures africaines, s’il suscite des débats approfondis et s’il favorise l’engagement dans la durée de tous ceux qui doivent accompagner la promotion des familles paysannes.
Des ambitions et des contraintes… témoignage du directeur de l’ouvrage Jean-Claude Devèze, agroéconomiste, secrétaire général d’Inter-réseaux, directeur de la publication de Grain de sel :
« La première ambition était de fournir au lecteur des données et des réflexions assez approfondies pour qu’il puisse se forger une opinion sur la nature des défis agricoles africains et sur ce qu’il est possible et souhaitable d’entreprendre pour les relever. Le riche contenu des 415 pages répond à l’objectif, mais il ne faut pas se cacher qu’il est demandé un effort au lecteur pour parvenir à l’atteindre.
De nombreuses pistes sont présentées sur ce qu’il est possible d’entreprendre, mais l’ouvrage n’a pas pu aller jusqu’au bout sur ce qu’il est souhaitable de fixer comme priorités.
La seconde ambition était de bien dégager l’enjeu que constitue l’avenir des agricultures familiales africaines et l’importance de mieux prendre en compte les positions des leaders agricoles qui oeuvrent à les promouvoir. Les agricultures familiales sont bien au centre des préoccupations des divers auteurs, mais encore plus fortement au cœur des paroles des leaders agricoles africains qui cherchent à les renforcer à travers l’organisation des agriculteurs.
La troisième ambition était de mettre en lumière les multiples changements en cours, qui prouvent que ces agricultures sont tout sauf statiques et engluées dans le recours à des recettes répétitives ou sans imagination. L’ouvrage atteint de nombreuses façons cet objectif ; ainsi la seconde partie présente des évolutions positives de divers types d’agriculture dans le temps ; de même la troisième partie insiste sur les dynamiques liées aux innovations quand celles-ci rencontrent un environnement socioéconomique favorable. Alors ces agricultures peuvent prendre une place de plus en plus importante non seulement pour nourrir les populations africaines, mais aussi afin de contribuer au développement du sous-continent. »