Dans un monde de plus en plus technicisé, où le recours aux chiffres est permanent, nous pourrions pu être tentés de participer à cette technicisation du monde et résumer le comportement humain à une équation à deux inconnues. Choisissant parmi les mille et une façons d’étudier les relations internationales et la coopération au développement, nous avons porté notre regard sur les individus qui composent le système international. Plus précisément, nous nous sommes intéressés à leurs relations, notamment celles qui caractérisent la coopération entre pays dit du Nord et du Sud. Cette action collective nous est apparue comme « largement formatée par des dispositifs sociotechniques qui ne relèvent pas uniquement de la couche visible des grandes lois et des institutions : catégories juridiques, normes juridiques, protocoles de calcul, ratios d’équilibre financier etc. [mais par des] pilotes invisibles de l’action [qui] sont des adjuvants nécessaires à l’action. [Or] on ne peut penser les relations de coordination de l’action sans les introduire »1. Autrement dit, la coopération entre pays est rendue possible par un certain nombre d’instruments de l’action publique, invisibles ou discrets, qui régissent tant les comportements humains que le fonctionnement des institutions. Parce que ces dispositifs rendent possible l’action et acquièrent une certaine autonomie, nous avons fait le choix de traiter de la coopération au développement par l’instrumentation de l’action publique, c’est-à-dire toute la part d’« action collective formatée par des dispositifs existants »2. « Un instrument