Que ce soit par l’intermédiaire d’entreprises dans le cadre des partenariats public-privé mis en oeuvre au niveau local ou de grandes fondations philanthropiques au sein de fonds multidonateurs, le secteur privé a investi la scène de la coopération au développement, longtemps réservée aux acteurs publics (gouvernements et institutions internationales). Cette mutation, reflétée par une croissance de flux privés dans les ressources financières à disposition des économies en développement, est désormais clairement inscrite dans les documents traçant les grandes lignes de la politique internationale du développement. Le secteur privé y est clairement reconnu comme partenaire indispensable pour atteindre les objectifs communs en matière de développement, les Objectifs du Millénaire pour le développement dans un premier temps et les objectifs pour l’après 2015 par la suite. Dans une période de contraintes budgétaires croissantes dans les pays développés et face à un certain désenchantement quant aux résultats de l’aide au développement classique, ces nouveaux acteurs apporteraient non seulement des fonds supplémentaires, mais aussi une culture d’entreprise, censée apporter plus d’efficacité à la coopération. Dans ce contexte, l’essor des différentes formes de partenariats public-privé peut être perçu comme une tentative du secteur public de canaliser l’élan privé en faveur des objectifs de la politique publique. Cependant, l’implication croissante du privé dans la gouvernance internationale, à travers une multitude d’organismes et de fonds hybrides, pose la question de la légitimité de la participation de ces derniers dans la phase de formulation des politiques.