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Ceci est un article de la publication "59-62 : Quelles politiques pour les populations rurales pauvres du Sahel ?", publiée le 7 décembre 2013.

Le HEA au Sahel : Les enseignements tirés de 3 ans de travail de terrain

Jérôme Bernard

Politique agricole et rurale nationaleSécurité alimentaire et nutritionnelle

Les enquêtes HEA fournissent une description dynamique de l’économie alimentaire des ménages ruraux. 51 profils de référence utilisant le cadre d’analyse complet du HEA ont été réalisés à ce jour depuis 2010 dans sept pays du Sahel. Cet article détaille les enseignements tirés de 3 années de travail de terrain.

Le cadre d’analyse de l’approche HEA (Household Economy Approach), ou Analyse de l’Economie des Ménages (AEM), a été développé par l’ONG Save the Children et le Food Economy Group au début des années 1990 afin d’améliorer la connaissance sur les zones et ménages les plus à risque et d’identifier les principaux déterminants socio-économiques de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté.

Basé principalement sur des méthodes participatives de collecte d’informations, le cadre d’analyse HEA permet de décrire les moyens par lesquels les ménages ruraux accèdent à leur nourriture et à leurs revenus et comment ils priorisent leurs dépenses en matière d’alimentation, mais aussi de santé, éducation, etc. Ce cadre se décompose en plusieurs étapes :

  • découpage de l’espace étudié en zones de moyens d’existence ;
  • répartition des ménages en groupes socio-économiques (très pauvre, pauvre, moyen, aisé) sur la base de critères locaux, après interviews ;
  • Calendrier saisonnier
  • analyse de l’accès de base à la nourriture, au revenu et les postes de dépenses;
  • analyse des risques et des stratégies d’adaptation.

Si le premier objectif de ce cadre HEA est de permettre une analyse rapide de la situation alimentaire des ménages, ce cadre est également devenu un outil de référence pour une meilleure compréhension de l’économie rurale.

Etat des lieux des moyens de subsistance des ménages ruraux du Sahel

51 profils de référence utilisant le cadre d’analyse complet du HEA ont été réalisés à ce jour depuis 2010 dans sept pays du Sahel (Burkina, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal et Tchad). Ces profils fournissent une description dynamique de l’économie alimentaire des ménages ruraux par zone de moyens d’existence et pour quatre catégories de ménages (très pauvres, pauvres, moyens et nantis). Cette information est disponible sur http://www.hea-sahel.org et elle sera stockée, consolidée et accessible au sein d’une base de données unique prochainement transférée au Centre Régional Agrhymet à Niamey, Niger et transcrite dans un Atlas des Moyens d’Existence au Sahel dans sa version 2013. Une nouvelle version 2014 de l’atlas comportera davantage de profils de référence HEA.

Un Atlas des moyens d’existence

Depuis 2010, Save the Children a assuré la direction d’une initiative pluri-agence et pluriannuelle financée par le Bureau d’Aide Humanitaire et de Protection Civile de la Commission Européenne (ECHO) en quatre phases distinctes et en partenariat avec Action Contre la Faim, Oxfam GB, Intermon Oxfam et le bureau du PAM au Sénégal dans sept pays du Sahel.
La première phase (mai 2010 – septembre 2011) a mis l’accent sur la formation au cadre d’analyse HEA et sur le développement de profils HEA de référence. La seconde phase (décembre 2011 – juin 2012) a insisté sur l’utilisation des profils HEA pour l’élaboration de l’analyse des besoins alimentaires des ménages pendant la période de soudure 2012. La troisième phase (juillet 2012 – juin 2013) a amorcé la mise à l’échelle dans la sous-région et l’institutionnalisation du cadre d’analyse au sein des structures nationales (SAP) et régionales (CILSS) existantes. La quatrième phase, qui a débuté en juillet 2013 vise à poursuivre l’institutionnalisation du cadre d’analyse pour l’alerte précoce et l’utilisation des résultats de l’Atlas des moyens d’existence pour ajuster la formulation des politiques sociales et agricoles nationales et régionales.

Catégorisation de la population

Selon les données des différents recensements de la population et les projections en 2013, environ 39 millions de personnes vivent dans les zones couvertes par les profils HEA au Sahel. Dans ces mêmes zones, la population des ménages pauvres et très pauvres est estimée à 21 millions de personnes soit 54% du total. Du Tchad à la Mauritanie, les études HEA révèlent une tendance selon laquelle les ménages les plus grands (comprenant le plus de membres, jusqu’à plus de 20 personnes) sont plus fréquents dans le sud du Sahel même s’il existe des exceptions dans les zones pastorales et agro-pastorales. Les ménages pauvres et très pauvres sont en général plus petits que les ménages considérés comme plus riches, et se caractérisent aussi par davantage de dépendants non-actifs (personnes âgées, enfants de moins de 10 ans) à charge d’un nombre limité d’adultes ou d’adolescents actifs (deux personnes au maximum).

Dépendance des ménages aux marchés

Un des résultats les plus frappants provenant de cette analyse croisée, est la part importante que représentent les achats de nourriture sur les marchés locaux dans les sources de nourriture des ménages. D’une manière très générale, on peut considérer qu’à travers le Sahel, environ 50% des ménages (soit environ la moitié de la population) couvrent au moins la moitié de leurs besoins énergétiques annuels (en Kcal) grâce aux achats sur les marchés. Contrairement aux idées reçues, l’économie rurale est désormais largement monétisée, et le mythe du paysan Sahélien autosuffisant une image du passé. Cette dépendance rend les ménages pastoraux et les ménages les plus pauvres particulièrement sensibles à la volatilité des prix des aliments.

De la même manière, tous les calendriers saisonniers des 51 profils HEA montrent, du Nord au Sud, une période de soudure juste avant la récolte suivante, qui apparait lorsque les stocks céréaliers des ménages ont été consommés depuis longtemps, lorsque les autres sources de revenus sont particulièrement réduites, alors que les prix des aliments sur les marchés sont au plus haut. C’est à cette période que les ménages doivent se « serrer la ceinture ». La période de soudure, observée chaque année à divers degrés de sévérité, est à la fois un symptôme et un résultat de la pauvreté chronique de ces zones et des personnes qui y habitent.

L’importance de l’élevage

Pour faire face aux difficultés rencontrées en période de soudure, la capitalisation des animaux et la constitution d’un troupeau d’une taille permettant au ménage qui le possède de recourir aux ventes et de générer le revenu nécessaire pour acheter la nourriture dont ils ont besoin est une stratégie très répandue dans le Sahel rural. Les produits animaux constituent aussi une source de diversification alimentaire à laquelle les ménages les moins pauvres ont accès, avec probablement les conséquences sur les taux de malnutrition infantile chronique.

Cependant, contrairement aux idées reçues, l’élevage et le troupeau ne sont pas des déterminants de résilience et de pauvreté relative des ménages uniquement en zones pastorales. Dans les zones agricoles et agro-pastorales du Sahel, les tailles des troupeaux et le revenu tiré des ventes d’animaux ou de produits animaux contribue significativement au revenu total de ces ménages. Il semble que ce soit le déterminant principal de la pauvreté toutes zones confondues.

L’importance de l’agriculture

Sans surprise, les ménages pastoraux ne dégagent aucun revenu de l’agriculture. En revanche, dans les zones agricoles ou agro pastorales, les profils HEA indiquent que les ménages les plus pauvres tirent un revenu très faible de la vente des produits agricoles, que ce soit des céréales ou des cultures de rente, qui représente souvent moins de 10% de leur revenu annuel total. Même si ce revenu est faible, il est cependant systématiquement présent chez les ménages très pauvres. Cela s’explique par leur besoin en liquidités au moment de la récolte afin de rembourser les emprunts contractés auprès des ménages plus aisés des mêmes communautés en période de culture et de soudure pour acheter des intrants agricoles ou des vivres. Ces ventes ont lieu au moment de l’année où les prix sur les marchés sont les plus désavantageux pour les vendeurs.

Il y a aussi clairement une différenciation du Nord au Sud et la contribution des revenus agricoles aux revenus totaux des ménages augmente en allant vers le Sud. Les meilleures conditions climatiques (précipitations > 500 mm par an) ou la présence de zones de cultures de décrue ou de bassins d’irrigation expliquent en grande partie cette différenciation. Plus au Nord, seules quelques exceptions existent dans des zones très spécialisées (cultures irriguées du massif de l’Aïr au Niger).

En conséquence, l’analyse des résultats consolidés des profils HEA permet de démontrer que les politiques agricoles actuelles ne touchent que, dans le meilleur des cas, 46% de la population, soit la population la plus riche. Les politiques agricoles ne sont pas destinées aux ménages les plus pauvres dans leur forme actuelle. De même, ces politiques tendent à négliger les investissements en élevage, qui est pourtant une source de revenus essentielle.

L’importance du travail journalier et des migrations

Le travail journalier, agricole ou non agricole, rémunéré en nature ou financièrement, est la source de revenu essentielle des ménages les plus pauvres toutes zones confondues et ce principalement pendant la période de soudure. Les ménages les plus aisés des mêmes communautés sont les pourvoyeurs d’emplois et ne pratiquent jamais cette activité.

Les migrations saisonnières d’un ou plusieurs membres des ménages pauvres et très pauvres est une alternative au travail journalier, surtout lorsque celui-ci se raréfie ou que la demande outrepasse l’offre. Les destinations sont variées, de centres urbains locaux jusqu’aux capitales nationales ou régionales et aussi loin qu’en Algérie ou en Libye.

Ajuster les politiques de développement et d’emploi

L’analyse consolidée des profils HEA montre qu’il est nécessaire d’ajuster les politiques actuelles afin qu’elles répondent mieux aux attentes et besoins des populations les plus pauvres et les plus vulnérables aux risques d’insécurité alimentaire. Les politiques agricoles doivent devenir « pro pauvres » et doivent être complétées de manière adéquate par des politiques nutritionnelles et de protection sociale, dont les plans programmatiques sont financés et mis en œuvre avec la rigueur technique requise.

Il est aussi crucial d’améliorer le système d’alerte précoce du Sahel (dans chaque pays et au sein du CILSS) pour une prise en compte de l’accès des ménages à leur alimentation dans le cadre d’analyse proposé (Cadre Harmonisé) avec des indicateurs tirés du HEA (seuils de survie et de protection des moyens d’existence) renseignés par des systèmes d’information (gouvernementaux ou non) fiables. Enfin, aucune loi dans les sept pays étudié n’a, à ce jour, été votée pour réguler le marché du travail journalier et proposer une harmonisation du salaire minimal. Etant donné l’importance de cette source de revenus pour permettre aux ménages les plus pauvres d’assurer leur sécurité alimentaire, il semble urgent d’y remédier et d’encourager les décideurs politiques à prendre leurs responsabilités.

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