Alors que la crise alimentaire mondiale ouvre de nouvelles perspectives pour l’agriculture africaine, la Présidence française de l’Union européenne (PFUE) a pris l’initiative de réunir le 8 décembre, des ministres d’Europe et d’Afrique subsaharienne, des bailleurs de fonds, des producteurs mais aussi des banques et des opérateurs économiques autour d’un Forum de haut niveau sur le financement des investissements pour l’agriculture en Afrique subsaharienne.
Le lendemain, un débat s’est concentré sur la politique agricole régionale de la Cedeao (Ecowap) et « l’Offensive régionale pour la production alimentaire et contre la faim », dans le cadre d’une réunion organisée conjointement par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et la PFUE.
La première conférence a permis de rappeler aux gouvernements ouest-africains leurs engagements de consacrer 10% de leur budget à l’agriculture (Maputo, 2003). Alors que l’aide internationale manifeste un regain d’intérêt pour le secteur agricole, de nombreux intervenants ont interpellé les États et les bailleurs de fonds sur la nécessité de concevoir des outils financiers adaptés à la spécificité et à la diversité des besoins du secteur. La constitution de fonds de financements agricoles cohérents avec la rentabilité de l’activité, prenant en compte les risques importants (climatiques, économiques, commerciaux, etc.) est jugée indispensable. Des opérateurs économiques ont livré leur expérience des dispositifs de financement de la production et de la transformation de produits agricoles. Les débats (des difficultés d’obtention des crédits, aux limites d’un investissement agricole trop dépendant des financements extérieurs, en passant par le besoin d’un environnement commercial stable et équitable vis-à-vis de la concurrence étrangère) ont mis en exergue l’importance cruciale d’investir simultanément sur le champ des politiques publiques, des accords internationaux, des outils de financement, de la gouvernance, etc. pour créer un environnement porteur pour les acteurs économiques. Dans ce contexte, le futur Partenariat mondial pour la sécurité alimentaire et l’agriculture est considéré comme une étape importante visant à améliorer la coordination des appuis internationaux et faciliter l’accès aux ressources en faveur de l’agriculture.
Avec l’Ecowap, dont le contenu a été discuté au cours de la deuxième journée, l’Afrique de l’Ouest apparaît comme la région qui dispose d’un cadre de politique susceptible de relancer l’agriculture. L’enjeu était d’impulser un dialogue politique exigeant entre la région Afrique de l’Ouest et les partenaires internationaux et de définir un agenda de travail conjoint devant conduire fin 2009 à une conférence internationale sur le financement de l’Ecowap. Les difficultés rencontrées dans sa mise en oeuvre et les nouvelles questions que cette politique doit affronter compte tenu des évolutions induites par la crise des prix alimentaires ont été débattues longuement. Face aux multiples défis, la construction d’un marché régional performant est apparue comme prioritaire. En se fondant sur l’expérience européenne, le ministre français de l’Agriculture, Michel Barnier, a rappelé les trois piliers d’une politique agricole ambitieuse : la mutualisation, la régionalisation et le partenariat.
D’ici fin 2009, la Cedeao doit achever l’élaboration des programmes d’investissements nationaux et régionaux. Trois nouveaux chantiers ont été ouverts : les outils de régulation des marchés face à l’instabilité des prix, les mutations des politiques alimentaires en faveur des populations vulnérables, l’intensification des systèmes productifs dans un contexte de changement climatique. Les bailleurs de fonds se sont engagés à soutenir la Cedeao dans ces différents chantiers et à réfléchir les mécanismes de financement pour en assurer une mise en oeuvre efficace.
Plus d’informations en ligne : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actionsfrance_830/agriculture-securite-alimentaire_18825/reunion-sur-lesenjeux-agricoles-alimentaires-afrique-ouest-9.12.08_70112.html