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Ceci est un article de la publication "41-42 : L’agriculture en quête de politiques", publiée le 31 juillet 2008.

Entretien avec Ousséni Salifou, Commissaire à l’Agriculture de la CEDEAO

Ousséni Salifou

Politique agricole et rurale nationaleAfrique de l’Ouest

Transcription intégrale de l’entretien, réalisé à Ouagadougou le 3 avril 2008 par Roger Blein et Souleymane Ouattara.

Grain de sel : Quel est votre parcours professionnel ?

Ousséni Salifou, Commissaire à l’Agriculture de la CEDEAO : Je suis Nigérien, hydraulicien de formation avec comme spécialité « mobilisation des ressources en eau ». Dans mon pays, j’ai été directeur dans plusieurs régions et secrétaire général du ministère en charge des ressources puis de celui en charge de l’environnement et de l’Hydraulique six ans durant. J’occupe le poste de commissaire à la Cedeao en charge de l’agriculture, de l’environnement et des ressources en eau depuis le 6 février 2007, et ce pour un mandat de quatre ans.

Grain de sel : Comment avez vous vécu le passage du niveau national au niveau régional ?

Ousséni Salifou : Le niveau régional concerne 15 Etats. Sinon, il s’agit d’activités similaires et je n’étais pas dépaysé. Au Niger, j’ai participé à l’élaboration de politiques et stratégies de l’eau, de l’Environnement.

Grain de sel : Pouvez-vous nous rappeler l’essence, le contenu de la politique agricole de la Cedeao ? Qu’est-ce qui fait sa spécificité ?

Ousséni Salifou : Les 15 pays de la Cedeao et surtout les pays sahéliens sont confrontés à une instabilité chronique. C’est pourquoi les chefs d’Etat ont demandé d’élaborer une politique, un plan d’actions et les mettre en œuvre avec comme objectif général d’assurer la sécurité alimentaire des pays membres de la Cedeao. En quoi faisant ? En élaborant des programmes d’investissements directement au profit des populations. Depuis plus de 30 ans, les populations surtout rurales ne connaissent pas ce qu’est la Cedeao. C’est à travers cette politique agricole qu’on peut toucher les producteurs ruraux avec l’appui de toutes les parties prenantes : les parlementaires, les services de l’Etat, la société civile… Les chefs d’Etat nous ont demandé de leur présenter d’ici la fin 2008 des programmes d’investissements bien ficelés et bancables, que ce soit au niveau national ou au niveau régional, pour leur trouver des financements. Ces programmes sont en cours d’élaboration avec l’appui de la FAO et de l’IFPRI. Les programmes nationaux porteront sur les priorités de chaque Etat. Huit pays ont déjà organisé leur concertation et préparent les tables rondes de financement. Les programmes régionaux sont quant à eux préparés en collaboration avec les institutions de coopération technique régionales, comme le CILSS, LE CORAF spécialisé dans la coordination de la recherche agricole, LA CMA-AOC qui travaille sur les filières et les marchés agricoles, etc. D’autres institutions ou organisations comme le ROPPA, le Hub Rural ou le Club du Sahel sont mobilisés et tous interviennent comme des chefs de file thématiques, des « bras techniques » de la CEDEAO, responsables pour la conception des programmes, chacun dans son domaine de compétence. Ce sont des institutions expérimentées en la matière. Si vous prenez le CILSS en matière de sécurité alimentaire et de lutte contre la désertification, ils sont la référence. C’est pourquoi nous avons confié ces thèmes à ces institutions. Les programmes régionaux seront mis en œuvre en collaboration avec l’UEMOA. Il ne faut pas perdre de vue que nous avons en référence la Déclaration de Maputo, engageant les pays à consacrer 10% de leur budget à l’agriculture. Très peu de pays le font déjà, et lorsqu’ils annoncent des chiffres, ceux-ci incluent souvent des dépenses qui ne sont pas strictement imputables au développement agricole. C’est le cas des infrastructures rurales par exemple. Lorsqu’on dit 10 %, ce doit être des ressources qui relèvent des compétences des ministères de l’agriculture.

Grain de sel : Donc les pistes rurales n’en font pas partie ? Ousséni Salifou : Non, car elles ne jouent pas seulement un rôle pour l’agriculture. Elles relèvent du développement des territoires. De plus, au niveau de la Cedeao, il y a un autre département qui s’occupe des infrastructures et on doit se compléter. C’est comme dans le domaine des ressources en eau. Nous ne gérons pas les infrastructures, les barrages et autres, car c’est un autre département qui s’en occupe. Nous nous occupons uniquement de la gestion de la ressource. Ce débat illustre à merveille le besoin de coordination et de cohérence entre les secteurs que ce soit dans chaque pays, ou à l’échelle de la CEDEAO.

Grain de sel : Quel est le modèle d’agriculture sous-tendu par la politique agricole ? Les OP développent la vision « agriculture paysanne » et les Gouvernements semblent miser plutôt sur l’agro business. N’y-a-t-il pas de risque que les investissements publics soient davantage captés par l’agro business au détriment de l’exploitation paysanne ?

Ousséni Salifou : Aujourd’hui, on dit plus de 40% de la population de la CEDEAO vit dans l’insécurité alimentaire. Est-ce l’agrobusiness qui viendra nourrir la population ? On est maintenant plus de 250 millions d’habitants en Afrique de l’ouest. On sera plus de 400 millions dans 20 ans ! Et que propose-t-on aux paysans ? On constate que les villages sont entrain de se vider au profit des villes. Mais dans les villes que font-ils ? Le marché de l’emploi est saturé et le banditisme se développe. Les jeunes aussi sont là, sans aucune perspective. C’est une bombe à retardement. C’est pourquoi il faut amener le gens à s’intéresser à la terre.

La politique agricole s’inscrit dans ce contexte. Aujourd’hui vous constatez que l’agriculture familiale assure l’immense majorité de la production et donne plus de rendement que l’agro business. On ne doit pas abandonner l’agriculture familiale mais accompagner sa modernisation. On doit au contraire appuyer ces paysans pour améliorer les rendements avant de parler d’agro business. Mais il faut aussi encourager les privés qui ont les moyens de se lancer. Il faut concilier les deux formes d’agricultures pour obtenir les meilleurs résultats possibles. On a constaté que l’agrobusiness ne marchait pas en Afrique de l’ouest. Parce qu’il y a plusieurs freins. Le premier c’est le problème foncier. Un privé qui veut faire de l’agrobusiness se confronte au problème foncier. Deuxièmement, c’est le problème d’écoulement des produits, parce que ce qu’ils produisent coûte plus cher que les mêmes produits importés..C’est pour cette raison que de nombreuses industries qui s’installent ferment en moins de deux, trois ans. A titre d’exemple, nous connaissons de grandes fermes qui produisent des fruits et les transforment. Mais ces produits ne supportent pas la concurrence des importations et ces agro-industries finissent par fermer. Cela finit par décourager les investisseurs et les populations Nous pensons qu’avec la petite agriculture, il suffit d’une volonté politique pour aider les paysans. La politique agricole de la Cedeao se propose d’améliorer leur accès aux intrants agricoles, au matériel agricole, à un encadrement rapproché et surtout à un marché régional. Car produire sans pouvoir vendre décourage les populations. Par exemple, ici au Burkina, en 2007 on a produit beaucoup de tomate et elles ont pourri. Les paysans ont voulu écouler au Ghana, mais celui-ci en a interdit l’entrée, malgré le traité de libre circulation des personnes et des biens au sein de l’espace CEDEAO. Les gens nous disent : « il faut que les pays développés cessent de subventionner ». Je leur réponds : « on ne peut pas empêcher les autres de le faire. Tout ce qu’on peut demander à nos pays c’est de subventionner tant qu’ils le peuvent ».

Grain de sel : On sort d’une période caractérisée par une sorte d’acharnement à démanteler l’agriculture, à travers l’adoption des programmes d’ajustement structurels agricoles ( PASA ). Aujourd’hui, on constate un regain d’intérêt pour l’agriculture. Quelle lecture faites-vous de cette évolution ?

Ousséni Salifou : L’ajustement structurel a demandé à nos Etats, de tout privatiser. Aujourd’hui, même la Banque mondiale constate que les résultats ne sont pas bons et qu’il faut réinvestir dans l’agriculture. Je vous parle de mon expérience personnelle. Mon père a travaillé dans une société de commercialisation de produits agricoles, la Sonara, dans les années 1960 – 1970. Certes, avec la mainmise de l’Etat, il y a eu des problèmes de gestion. Mais ces problèmes auraient pu être réglés. Au lieu de cela, on a demandé de privatiser toutes ces sociétés. Par le passé, le paysan avait accès aux intrants agricoles, au matériel agricole, au crédit, et il remboursait. Pourquoi ne pas revoir le système ? Nous pouvons reprendre ce qui marchait dans l’ancien système et essayer d’améliorer. Moi, je suis d’avis que les Etats revoient ce système et se préoccupe aussi de la commercialisation. Aujourd’hui, on demande à la population de produire des cultures vivrières ou des cultures de rente. Mais personne n’arrive à écouler. Il faut organiser le marché national et régional et il faut que les pays se spécialisent. On nous parle du Mali avec plus d’un million d’hectares à exploiter, alors que seulement 100 000 sont mis en valeur. Il faudrait voir quel rôle la Cedeao peut jouer dans ce domaine. Les programmes régionaux que nous sommes entrain d’élaborer pour l’application de l’ECOWAP vont prendre ces problèmes en charge. On va faire des propositions aux chefs d’Etat.

Grain de sel : Nos Etats et nos institutions ont-ils les moyens de conduire des politiques plus interventionnistes dans l’agriculture ?

Ousséni Salifou : Je l’ai toujours dit, c’est la volonté. Parce qu’aujourd’hui s’il faut apporter un changement, il faut en accepter les conséquences. Même s’il faut souffrir, il faut le faire. On a vu le cas des Asiatiques qui sont arrivés, pourquoi pas nous ? Certes nos Etats ont des difficultés, mais il ne faut pas toujours compter sur les partenaires pour venir nous aider, il faut compter sur nos propres ressources. Je pense que nos Etats ont les moyens, car les moyens, c’est la volonté politique et pas seulement les ressources financières. Je vous donne un exemple : la circulation des produits agricoles entre nos pays. Dans l’espace Cedeao, on parle d’intégration, mais les parlementaires, les opérateurs, nous disent « ça ne marche pas », « Je voulais apporter ma marchandise dans tel pays, ça n’a pas marché », « je voulais aller payer telle chose ou la douane m’a taxé, ceci, cela ». ! Il faut revoir l’orientation à donner à l’organisation sous régionale et surtout appliquer les décisions que nos chefs d’Etat et de gouvernements ont pris. Il faut qu’il y ait une volonté politique, il faut que les chefs d’Etat se décident. Parce qu’on a fait beaucoup de textes qui sont là, qui ne sont pas appliqués.

Grain de sel : Tous les pays affichent fermement leur engagement au profit de l’intégration, mais en cas de problème, comme lors d’une crise alimentaire, la tentation du repli sur soi revient tout de suite. Comment peut-on dépasser cela, sachant qu’il y a tellement de problèmes quotidiens qui s’opposent à l’intégration même si les acteurs, les décideurs sont tous convaincus qu’il faut travailler dans une perspective d’intégration. Quelles idées vous avez pour changer cette relation ambiguë des pays à la région ?

Ousséni Salifou : Si les chefs d’Etat ont demandé de transformer l’ancienne Cedeao, l’ancien secrétariat exécutif en commission, c’est pour donner une nouvelle vision ; car après pus de 30 ans, on voit que ça n’a pas donné les résultats escomptés. Cil faut passer de « la Cedeao des Etats », à « la Cedeao de peuples ». Avec cette nouvelle vision, on peut arriver à une intégration effective. Aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’on n’a pas eu aucun résultat. Le fait de circuler, le passeport Cedeao, la liberté d’installation dans n’importe quel pays, etc. C’est déjà un pas. Il faut que les Chef d’Etat appliquent les textes tout en les revisitant de temps en temps pour les rendre encore plus souples. Je reste optimiste. Par le passé, quand un pays était frappé par l’insécurité alimentaire, par exemple la famine dans les années 1970, ce sont les pays voisins qui aidaient. Maintenant les pays ferment leurs frontières avec l’espoir d’éviter « la contagion ». On est entrain de monter le système d’information agricole, AGRIS, pour parvenir à une meilleure maîtrise du système agricole, une meilleure connaissance de la production, de ce qu’un pays a besoin par an et des excédents qu’il dégage pour exporter dans la région. C’est fondamental et je sais que cela peut aider. Souvent, les Etats ont peur car ils ont des informations pas assez fiables. Ils craignent de laisser sortir des denrées qui leur feront défaut à la période de soudure. J’espère qu’avec le système agris, nous aurons les statistiques, le prix des denrées, là où on peut trouver ces denrées. Bien entendu, il faut aussi d’autres actions d’accompagnement, comme l’amélioration du transport.

Grain de Sel : Pensez-vous à des stocks de sécurité à régionaliser ?

Ousséini Salifou : Nous envisageons la mise en place de bourses régionales. Si on y parvient, ça peut aider nos pays. C’est en réflexion et on est entrain de mener les études pour le proposer aux chefs d’Etat. Je crois que c’est une très bonne chose. Certains pays l’ont fait au niveau national. Je crois que c’est faisable au niveau régional aussi. J’ai l’expérience du Niger, où par le passé, les magasins de l’OPVN permettaient de fournir des vivres aux populations et empêchaient les commerçants de spéculer. Ainsi, en période de soudure, vous arrivez à aider les populations. On peut étendre ce système au niveau régional.

Grain de sel : Quelle est la répartition des rôles entre les Etats et la région dans les politiques agricoles ? Comment s’applique concrètement les principes de subsidiarité ? Quelle stratégie envisagez vous ?

Ousséini Salifou : Dans tous nos textes, on parle de ces principes que ce soit pour les politiques agricole, environnementale, commerciale… Mais dans la pratique, on se rend compte que certains Etats veulent garder jalousement leurs prérogatives. On oublie l’intégration, on oublie les principes. J’observe de nombreux blocages. Je crois qu’avec la volonté politique, et eu égard au fait que les chefs d’Etats se sont engagés à donner une nouvelle vision à la Cedeao, c’est un gage pour aboutir à des résultats vraiment concrets.

Grain de sel : De façon pratique, si on prend par exemple les questions foncières, est-ce que la érgion peut vraiment agir ? La même question vaut pour le financement, le conseil agricole, l’information… Le niveau national n’est-il pas plus pertinent ?

Ousséini Salifou : Les pays adoiptent des politiques régionales mais ils doivent ensuite la populariser jusqu’au niveau du village. A mon arrivée à la Cedeao, les documents n’étaient pas distribués au sein des ministères concernés. Et dans les pays, rares sont les cadres qui peuvent vous décrire la politique agricole, à plus forte raison le monde rural. Dans notre budget 2008, nous avons de cela fait une priorité car il faut que les populations sachent ce que la Cedeao fait. C’est la nouvelle vision qu’on imprime à la Cedeao et nous allons faire ce travail en impliquant les parlementaires nationaux et régionaux. . Les organisations socioprofessionnelles ont un rôle à jouer parce qu’ils sont en rapport avec ces populations. C’est le cas du ROPPA qui est bien implanté dans les pays de la Cedeao. Enfin, c’est aussi le rôle des média, notamment les radios rurales, là où les populations à travers les langues locales peuvent apprendre, connaître ce qu’on est entrain de faire. Et c’est sur cela qu’on va mettre l’accent.

Si tout le monde a connaissance de ces textes, on peut arriver à des résultats. C’est le point de départ pour qu’ensuite les populations puissent être impliquées dans la préparation des programme d’investissements agricoles, puisqu’elles sont les premières bénéficiaires de ces programmes. Nous privilégions une approche participative, associant les couches socioprofessionnelles, la société civile, les partenaires au développement. C’est tout le monde qui participe à la formulation de ces programmes.

Grain de sel : Comment faire l’articulation agriculture-commerce sachant que le tarif extérieur commun de l’UEMOA ne permet pas de protéger suffisamment les investissements des producteurs ? Ousséni Salifou : Le TEC est en négociation entre l’Uemoa, la Cedeao et les 15 pays membres. Les parlementaires interpellent la Commission de la CEDEAO car ils estiment qu’il y a des insuffisances par rapport au Tec Uemoa. Comme vous l’avez dit il n’y a pas assez de protections surtout pour les produits agricoles. On en a débattu. Actuellement la Cedeao et l’Uemoa sont entrain de faire des propositions d’un nouveau TEC. Ils examinent la possibilité de créer une nouvelle bande tarifaire (que l’on appelle 5ème bande) pour les produits les plus sensibles ou les plus stratégiques. Ils préparent aussi les autres mesures de protection comme les mécanismes de sauvegarde. Les Chefs d’Etats seront invités à trancher la question en juin prochain.

Grain de sel : En tout cas la volonté existe…

Ousséni Salifou : La volonté existe, mais sans un TEC suffisamment protecteur, tout ce qu’on fait sera voué à l’échec. Il faut organiser le marché régional et pour cela on a besoin d’un TEC moderne. Il ne faut surtout pas blesser nos paysans.

Grain de sel : Comment faire le lien entre les politiques agricoles, les préoccupations environnementales et la mise en valeur des ressources communes ?

Ousséni Salifou : La gestion de ressources en eau est le premier axe dans la formulation des programmes d’investissement car l’agriculture sans la maîtrise de l’eau, c’est zéro. Nous avons des potentialités énormes et qui sont sous exploitées. Or, chaque projet d’irrigation est rentable, et peut apporter un plus à l’économie de la sous région. Il suffit d’exploiter de manière rationnelle et de manière concertée car tous les cours d’eau que nous partageons, sont au moins exploités par deux ou trois pays. D’où la nécessité de créer des bassins. C’est ce que promeut la politique régionale de l’eau.

Si vous prenez aussi le bassin du Niger, l’enjeu est majeur car il s’agit de sauver le fleuve Niger en mettant l’accent sur la partie Fouta Djalon, le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest. Nous avons aussi adopté la politique environnementale régionale avec les ministres en charge de l’environnement en novembre passé et que nous venons de présenter aux parlementaires. Pour assurer ces liens entre agriculture, environnement et gestion de l’eau, nous avons maintenant un commissariat commun qui permet de gérer les interdépendances.

Grain de sel : Vous voulez dire qu’il y a des liens… naturels ?

Ousséni Salifou : Il y a des liens naturels car les ressources naturelles n’ont pas de frontière. C’est pourquoi aujourd’hui, la Cedeao met surtout l’accent sur les espaces transfrontaliers et l’appui aux organisations de bassins. Linitiative de l’Autorité du Bassin du Niger est vraiment cruciale car il s’agit de sauver le fleuve Niger. Avec la déforestation, la Guinée rencontre beaucoup de difficultés. Les cours d’eau sont entrain de s’ensabler et si on ne fait rien, les experts prédisent que d’ici cinquante ans le fleuve Niger ne va plus couler. Un phénomène équivalent à celui du lac Tchad. Je crois qu’il faut mettre l’accent sur la mobilisation des ressources en eau, sur la gestion intégrée des ressources en eau, avoir une vision partagée, avoir vraiment une vision concertée entre les pays, ça c’est très important.

Grain de sel : Quand on vous écoute, on se rend compte que les défis qui attendent l’agriculture sont énormes : arriver à moderniser cette agriculture, l’intensifier sur la base de système durable. Est-ce que vous avez le sentiment que la recherche est aujourd’hui à la hauteur, est-elle en mesure de répondre à la demande ?

Ousséni Salifou : Nous avons un bras technique, le Coraf, qui nous appuie dans le secteur de l’agriculture.. Avec le changement climatique, il faut mettre l’accent sur la recherche. Nos pays pris individuellement et les organisations régionales ont fait beaucoup de choses. Mais seulement, nos Etats n’ont pas encouragé ces centres de recherches. Je vous parle du cas du Niger où l’INRAN est délaissé. Pourtant, l’Irnan a fait beaucoup de choses dans le cadre du secteur agricole : par exemple on a des semences de très bonne qualité, avec de bons rendements. A travers le Coraf, nous allons essayer d’appuyer les centres nationaux de recherche et d’approfondir la régionalisation de la recherche, améliorer la coordination et la spécialisation des centres. .

Grain de sel : Il y a une grande préoccupation autour de la hausse des prix des denrées alimentaires et sur le dossier biocarburant. Comment est-ce que ces questions-là sont traitées par la Cedeao ? Comment réagissez-vous ? Est-ce que vous pensez que ça doit infléchir par exemple les orientations de Ecowap ou ça doit au contraire encourager à la mettre en œuvre plus rapidement ?

Ousséni Salifou : Nous allons avoir une concertation avec les responsables de la sécurité alimentaire dans le cadre du réseau de prévention et de gestion des crises alimentaires animé par le CILSS et le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest pour analyser la situation et préparer les réponses que l’on doit apporter. Certains s’attendent à voir les prix baisser. Je crois au contraire que ce n’est pas une affaire d’un ou de deux ans. Ce problème préoccupe tous nos pays et la société civile a commencé à bouger dans certains pays. C’est donc un sujet très sensible. Beaucoup de pays seront confrontés à des problèmes sérieux, et pas seulement au niveau de l’Afrique de l’Ouest. C’est au niveau mondial. Alors il faut qu’on prenne des mesures très rapides, surtout pour la bande sahélienne qui est très fragile.

Grain de sel : En même temps cette hausse des prix est une bonne nouvelle pour les producteurs ruraux ?

Ousséni Salifou : Tout à fait. Les gens font un lien avec ceux qui produisent pour fabriquer du biocarburant. Nous nous cherchons à manger parce qu’on n’arrive même pas à nourrir les 250 millions d’habitants vivant dans l’espace Cedeao. Quand vous voyez les potentialités de la région, vous en déduisez que c’est un problème d’organisation. Le Nigeria dépense chaque année des centaines de milliards pour acheter les céréales. Mais quand vous partez au Nigeria, au centre et au sud, vous constatez qu’il n’y a pas un pays dans l’Afrique qui a des potentialités comme le Nigeria ? L’eau est disponible et la terre est fertile. Le Nigeria peut faire beaucoup de chose pour l’Afrique, il suffit de mettre l’accent sur l’agriculture. Ils peuvent produire beaucoup.

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Compatibilité et articulations des politiques agricoles du national à l’international
Arlène Alpha

Cadre contraignant obligeant les pays à l’ouverture économique ou garde-fou limitant celle-ci, l’OMC définit, pour tous ses pays membres, des règles auxquelles ils doivent se plier. Les institutions régionales déterminent aussi leurs propres normes. Reste-t-il des marges de manœuvres pour des politiques nationales ?_ En adhérant à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les pays en développement comme les pays développés s’engagent à appliquer les règles qu’ils sont censés avoir contribué à définir. Les règles de l’Accord sur l’agriculture…

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Entretien avec Shelby Matthews, directrice du Copa-Cogeca
Shelby Matthews

Le Copa- Cogeca, dont l’objectif est de représenter les intérêts des agriculteurs en Europe, regroupe des organisations agricoles et des coopératives agricoles. Au total 76 organisations nationales membres représentant les 26 pays de l’Union européenne.Grain de sel : Quelles ont été les idées fondatrices de la Politique agricole commune (Pac) et quels sont les acteurs qui l’ont portée ? Shelby Matthews : À l’époque de la fondation de la Pac, il est clair que les acteurs étaient moins…

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Des nouveaux acteurs et processus pour les politiques agricoles en Afrique ?
Augustin Wambo Yamdjeu, wardanseeuw

La participation des nouveaux acteurs est réelle dans l’élaboration des politiques. Pour autant, ces dernières demeurent difficiles à mettre en oeuvre. En complément, la directrice d’une organisation européenne d’agriculteurs apporte un témoignage édifiant._ La rénovation des politiques publiques, agricoles en particulier, apparaît dans nombre de cas comme une nécessité pour relever les nombreux défis auxquels sont confrontées les agricultures africaines : poids démographique des actifs agricoles en Afrique subsaharienne ; forte prévalence de la pauvreté en milieu rural…

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Comment financer les politiques agricoles ? Entretien avec Michel Petit
Michel Petit

La question du financement des politiques est centrale. Sans financement, des politiques, quand bien même elles sont bien pensées, bien négociées, acceptées par tous, ne pourront être mises en oeuvre. Pour traiter cette question au combien complexe, nous avons eu un long entretien avec Michel Petit, ancien cadre à la Banque mondiale. En complément de cet entretien, nous vous proposons un encadré avec quelques repères sur le coût d’une politique agricole, et les marges de manoeuvres budgétaires des…

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L’invité de Grain de sel : Ndiogou Fall
Ndiogou Fall

N’Diogou Fall, président du Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa), nous livre sa vision des politiques agricoles.Grain de sel : Qu’est-ce qu’une politique agricole ? N’Diogou Fall : C’est avant tout une vision, qui doit permettre de s’accorder sur l’idée que l’on a de l’agriculture dans notre région. S’agit-il de promouvoir la grande agriculture industrielle — qui suppose concentration des terres, élimination des petites exploitations familiales et renforcement de l’exclusion, de la…

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Panorama des politiques agricoles régionales européennes et d’Afrique de l’Ouest et du Centre

Un panorama en PDF à télécharger…Pour visualiser le panorama des politiques agricoles régionales européennes et d’Afrique de l’Ouest et du Centre, nous vous invitons à consulter le fichier suivant : http://inter-reseaux.org/IMG/pdf/gds-41-42-politiques-agricoles-panorama.pdf.

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Politiques agricoles : de quoi parle-t-on ?
Vincent Ribier

Le terme « politique agricole » fait partie de ces mots aux usages multiples qui sont repris sous des sens différents. Divers interlocuteurs employant le même mot font en fait référence à des concepts distincts. Pour éviter la confusion, il est donc nécessaire de préciser ce que l’on entend par « politique agricole »._ Il ne saurait y avoir de définition universelle permettant de caractériser la politique agricole. Toute définition dépend en premier lieu du contexte historique en…

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Agriculture : quelle vision pour quelle politique ?
Bio Goura Soulé

Doit-on soutenir les exploitations familiales ou développer les entreprises agricoles ? Une politique agricole est le reflet d’une vision, qui résulte de choix politiques. Mais souvent, les décideurs ont du mal à trancher… il en ressort des politiques de compromis pas faciles à mettre en œuvre.Les politiques agricoles ont connu, au cours des vingt cinq dernières années, une mutation qualitative tant du point de vue de leur orientation que du contenu des objectifs, des stratégies et des axes…

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« On ne doit pas abandonner l’agriculture familiale mais accompagner sa modernisation »
Ousséni Salifou

Ousséni Salifou occupe le poste de commissaire en charge de l’Agriculture, de l’Environnement et des Ressources en eau à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) depuis 2007. Ce haut responsable politique régional évoque d’un ton libre les enjeux politiques d’un secteur sensible et en pleine évolution.Entretien avec Ousséni Salifou réalisé à Ouagadougou, le 3 avril 2008, par Roger Blein et Souleymane Ouattara, membres du comité de rédaction de GDS. Grain de sel : Pouvez-vous…

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Le conseil agricole au Cameroun : une pièce maîtresse du développement rural
Valentine Achancho

Au Cameroun, une table ronde a rassemblé une quarantaine d’acteurs autour de la question « Place et rôle du conseil agricole dans les politiques agricoles ». L’occasion de débats animés et ouverts, où ont été abordés de multiples sujets comme, entre autres, celui de la définition, du rôle, du financement du conseil._ Auteurs: La rédaction (gds@inter-reseaux.org), à partir du compte rendu de la table ronde rédigé par Valantine Achancho (achancho_ va@yahoo.fr). Le Cameroun a récemment redéfini sa stratégie…

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La sécurisation foncière : un des défis majeurs pour le nouveau siècle
hodrago

L’enjeu foncier en Afrique de l’Ouest rurale est plus que jamais d’importance, alors que la pression sur les terres augmente. Différentes solutions sont proposées selon les pays. Des processus nationaux de dialogue sur les politiques associant tous les acteurs concernés semblent indispensables.Dans l’ensemble des pays ouest-africains partageant le même héritage colonial français, la gestion foncière repose sur le système de l’immatriculation foncière. Il s’agit d’un système de création administrative de la propriété privée individuelle, qui aboutit à une…

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Accès à la terre en Équateur : chronique d’un non-débat
Michel Laforge

Petit pays d’Amérique latine, l’Équateur a connu deux réformes agraires. Pour autant, les organisations paysannes revendiquent encore une révolution agraire. En effet, la loi en vigueur, qui garantit les droits des grands propriétaires, fait peu de cas des petits et moyens producteurs et des territoires indiens.Hériter d’une colonisation où les populations indiennes d’origine ont été peu à peu dépossédées de leurs terres, l’Équateur a vu s’installer dans les terres hautes et tempérées une structure classique de latifundia/minifundia. Les…

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La formation agricole, parent pauvre du développement. Un enjeu politique
Christophe Lesueur, Isabelle Touzard, eagfissel

À l’heure où la situation alimentaire mondiale est alarmante, et où les politiques agricoles des pays en développement (PED) sont sous les projecteurs, il serait facile, face à l’urgence, d’oublier « l’urgence de long terme » : refonder les socles du développement agricole, notamment le capital humain, particulièrement en Afrique subsaharienne._ Le capital humain est essentiel au développement agricole et rural. Or un regard attentif sur les systèmes sensés le développer montre l’ampleur du chantier à engager, car…

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Formation agricole et rurale au Sénégal : de la stratégie à la mise en oeuvre
Jacques Faye, eagfissel

Changer les pratiques et les comportements des acteurs, tel est l’un des défis majeurs de la formation agricole et rurale en Afrique subsaharienne. Au Sénégal, pays pionnier dans la mise en oeuvre d’une stratégie nationale dans ce domaine, des avancées notables sont constatées. Mais le vrai changement demandera du temps._ Le Sénégal a joué un rôle de pionnier dans la formulation de stratégies nationales de formation agricole et rurale (SNFAR). Un document de référence élaboré de façon participative…

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50 ans d’histoire du conseil agricole en Afrique de l’Ouest et Centrale
Cheikh Mbacké Mboup, Dominique Anouilh

L’étude du conseil agricole en Afrique sur ces 50 dernières années constitue une sorte de fil rouge dans l’analyse des politiques agricoles. Plus largement, elle questionne la place des agriculteurs et de leurs organisations dans la construction des stratégies et politiques agricoles._ Il est des évolutions dans le choix des mots qui ne sont pas vides de sens. L’utilisation en Afrique subsaharienne du terme de « vulgarisation agricole » ces dix dernières années est de moins en moins…

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Paysan à paysan : le conseil agricole au Nicaragua
Jorge Irán Vásquez Zeledón

À la base programme destiné à améliorer la conservation des sols, le programme « Paysan à paysan » de l’Union nationale des agriculteurs et éleveurs du Nicaragua est devenu une référence en matière de développement rural en Amérique latine, faisant des paysans des acteurs politiquement engagés et écoutés._ Dans les campagnes nicaraguayennes, les petits producteurs agricoles et les pêcheurs doivent faire face à une situation permanente de crise. C’est dans ce contexte qu’a été mis en place le…

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Café : petits producteurs, grands marchés
Inter-réseaux

Hadj Lakhal, Agence française de développement (AFD) Les prix du café remontent, ramenant l’espoir de tirer un trait sur la crise qui a affecté la filière de 1997 à 2004. Mais il reste beaucoup à faire pour voir apparaître une caféiculture socialement et écologiquement durable.

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8. Entretien avec Olaseinde Arigbede (traduction à venir)
1. Entretien avec Jean-Philippe Audinet, directeur ad interim de la division des Politiques au Fonds international de développement agricole (Fida)

J.-P. Audinet travaille au Fida depuis 18 ans. Il est basé à Rome, après avoir travaillé précédemment en Afrique subsaharienne et en Haïti. Grain de sel : Qu’est-ce qu’une politique agricole ? Jean-Philippe Audinet : Une politique est un ensemble cohérent de mesures, de lois, de programmes et de ressources financières qui vise à atteindre un ou des objectifs collectifs. Le choix de cet objectif ou de ces objectifs résulte d’un arbitrage entre les intérêts en présence dans…

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11. [english] Interview with Olaseinde Arigbede, National Coordinator, Union of Small and Medium Scale Farmers of Nigeria (USMEFAN)

Olaseinde Arigbede coordinates the United Small and Medium Scale Farmers Association of Nigeria. A medical doctor – neuroscientist -, he became a small-scale farmer heavily involved in the defence of Nigerian small and medium-scale farmers. Grain de sel: What does your farm produce? Olaseinde Arigbede : On my farm, we produce like the farmers in Nigeria and most of Africa. We practise mixed cropping. I grow cassava, maize, yams, some vegetables. It is a farm slightly larger than…

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2. Entretien avec N’Diogou Fall, président du Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa)

Pour le président du Roppa, les africains sont les acteurs de leurs propres politiques agricoles. Ils ne doivent pas se laisser enjôler par l’aide budgétaire de leurs partenaires. GDS : Qu’est-ce qu’une politique agricole ? Ndiogou Fall : C’est avant tout une vision, qui doit permettre de s’accorder sur l’idée que l’on se fait de l’agriculture dans notre région. Car il y a plusieurs types d’agriculture… S’agit-il de promouvoir la grande agriculture industrielle – qui suppose concentration des…

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4. Entretien avec Guillaume Fongang, chercheur, AgroParisTech

Grain de sel : qu’est-ce qu’une politique agricole ? Guillaume Fongang : Ça devrait être une vision portée par des choix résultant d’une réflexion sur « où on va ? » « qu’est-ce qu’on veut ? » à la fois en partant de la situation que l’on a et en prenant surtout en compte où on veut aller. Il faut aussi intégrer le fait que finalement on ne se retrouve pas seul dans le monde, et prendre en…

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5. Entretien avec Paul Nicholson, membre du Comité de coordination internationale de la Via Campesina

Paysan au Pays Basque, Paul Nicholson possède une petite ferme et exerce le métier de producteur de lait. Il fait aussi partie d’une petite coopérative qui produit des fruits et légumes pour le marché local. Grain de sel : Quel est le rôle d’une politique agricole ? Paul Nicholson : Elle doit gérer les priorités des besoins de la société. Elle doit gérer la production, la qualité, les modes de production, dans un cadre social et écologique. GDS…

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3. Entretien avec Elizabeth Atangana, présidente de la Plate-forme sous-régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale (Propac)

Grain de sel : Quel est selon vous le rôle d’une politique agricole ? Elisabeth Atangana : C’est un cadre général dans lequel doivent pouvoir se mouvoir toutes les initiatives qui concernent le domaine agricole et peut-être également le domaine du développement rural. Son but doit être notamment d’assurer à la fois une sécurité alimentaire et une souveraineté alimentaire pour toute la nation et également un revenu suffisant aux paysans, qui représentent 80 % de la population, afin…

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9. [english] Interview with Estrella Penunia Banzuela, Secretary General of the Asian Farmers Association for Sustainable Rural Development (AFA)

GDS: What is the main objective of an agricultural policy? EPB : In the Philippines – because that is where I come from – it is hard to say what is the aim of an agricultural policy. Our farmers would say we don’t have any agricultural policy at all. If we do, it is so incoherent so that we don’t know. I think the aim of an agricultural policy should be — how to develop the agricultural sector…

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6. Entretien avec Estrella Penunia Banzuela, secrétaire générale de l’Association des agriculteurs d’Asie pour le développement rural durable (Afa)

Grain de sel : Quel est selon vous le principal objectif d’une politique agricole ? Estrella Penunia Banzuela : Pour ce qui concerne les Philippines – car je viens de ce pays – il est difficile de définir l’objectif principal d’une politique agricole. Nos agriculteurs ont tendance à dire que nous n’avons pas du tout de politique agricole. Il faut dire que celle-ci est tellement incohérente que nous ne savons pas si elle existe réellement. Je pense que…

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7. Entretien avec Fernando Lopez, secrétaire général de la Commission nationale de développement rural, organisation nationale représentative de l’agriculture familiale d’Uruguay

Membre de la Commission nationale de développement rural et horticulteur-fruticulteur au sud de l’Uruguay, Fernando Lopez expose sa vision de l’agriculture familiale. Il met, entre autres, l’accent sur le problème foncier lié aux grands investisseurs étrangers. Grain de sel : Combien de membres comprend votre organisation et quand a t-elle été créée? Fernando Lopez : La Commission nationale de développement rural (Comisión nacional de Fomento Rural, CNFR) a été créée en 1915. Elle comprend une centaine d’organisations de…

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10. [español] Entrevista con Fernando Lopez, Secretario General de la Comisión Nacional de Fomento Rural, organización nacional representativa de la agricultura familial de Uruguay

Miembro de la Comisión nacional de fomento rural y productor hortifrutícola al sur de Uruguay, Fernando Lopez expone su visión de la agricultura familiar. Pone, entre otras cosas, el acento en el problema de la tierra debido a los inversores extranjeros. Grain de sel : ¿Cuantos miembros tiene su organización y cuando fue creada? FL: La CNFR fue fundada en 1915 y es una organización de segundo grado que tiene unas 100 organizaciones de base afiliadas en todo…

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Évolution du rôle de l'État dans l'accès aux services financiers des populations exclues
Solène Morvant-Roux

De l’intervention à l’ajustement structurel, les États des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ont opté pour des stratégies opposées dans la deuxième moitié du XXe siècle. L’échec de ces mouvements successifs appelle de nouvelles politiques, et peut-être avant tout, de nouveaux partenariats. _ Les rôles de l’Etat et de l’intervention publique dans la promotion de l’accès aux services financiers des populations qui en sont exclues ont considérablement évolué depuis les années 60. La logique interventionniste…

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Les politiques agricoles en Afrique subsaharienne : une symphonie inachevée
pndieye

Les politiques agricoles ont connu d’importantes évolutions au cours du temps. Mais des politiques interventionnistes nationales aux politiques d’intégration régionale en passant par l’ajustement structurel, les évolutions n’ont pas mené au développement tant attendu d’un secteur pourtant vital. _ L’agriculture a été au coeur de l’agenda du développement des pays de l’Afrique subsaharienne durant les cinq dernières décennies. Différentes orientations ont été données au secteur agricole. Cependant, les facteurs déterminants des politiques agricoles ont été essentiellement exogènes. Même…

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La Tunisie rénove son dispositif de formation agricole
Alain Maragnani

La Tunisie s’est engagée dans un projet ambitieux de mise à niveau de son dispositif de formation professionnelle et de l’emploi (programme Manform). Cette réforme, engagée y compris dans le secteur de l’agriculture et de la pêche, vise à répondre aux besoins croissants en qualification d’un secteur en évolution. Le programme Manform comprend certes des investissements, mais surtout une rénovation fondamentale du dispositif de formation tant dans son volet ingénierie que dans ses procédures de fonctionnement et dans…

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La politique foncière au Burkina Faso : une élaboration participative ?
Souleymane Ouattara

Les avis divergent sur le caractère participatif de l’élaboration de la Politique nationale de sécurisation foncière en milieu rural au Burkina Faso. Les spécialistes admettent son caractère innovant, par le souci de ses concepteurs d’y associer tous les acteurs du foncier. Mais est-elle vraiment « participative » ? Si tout va bien, en décembre 2008, le Burkina Faso disposera d’une loi foncière avec des textes d’application et un plan de mise en oeuvre. Le pays pourra alors souffler,…

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